Pourquoi est-ce si compliqué d’avoir un RDV chez l’ophtalmo ?

© MEHDI FEDOUACH / AFP
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Benjamin Lévêque et B.B
Trois mois. C’est le temps d’attente moyen pour obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologue. Ces délais durent depuis des années et ça ne s’arrange pas.

Pour les syndicats, le principe est simple : il n’y a pas assez d’ophtalmologues en France. La preuve : 150 nouveaux médecins sont formés chaque année. Mais 250 partent à la retraite. Alors, du côté du ministère, on se défend : "on a augmenté le numerus clausus dans les facultés, c’est-à-dire le nombre de place : +36% en ophtalmologie".

"Beaucoup de jeunes médecins n’exercent pas la médecine". Mais desserrer ce numerus clausus ne suffit pas selon Claude Le Pen, économiste santé : "le numerus clausus ne garantit pas deux choses. Il ne garantit pas que les praticiens vont exercer. Il y a beaucoup de jeunes médecins qui n’exercent pas la médecine. Ils utilisent leurs savoirs, leurs compétences pour faire autre chose, travailler dans les centres de santé, chez les assureurs, dans les industries. C’est une perte importante, qu’il ne faut pas négliger. Et l’autre chose, c’est que ça ne garantit pas les endroits d’installation. Il n’y a absolument aucune garantie d’une répartition harmonieuse sur le territoire".

"Les gens vont s’installer là où il y a de la demande". Et pourtant, à entendre les internes, ils ne sont pas contre une répartition sur le territoire : "50% de mes collègues veulent s’installer dans une zone sous-médicalement dotée. Et en Ile-de-France, ce n’est pas forcément très loin, c’est le 78, le 92, le 93. Naturellement, les gens vont s’installer là où il y a de la demande", assure Thibaut.

Et puis avoir son propre cabinet, ça demande des investissements. Il faut acheter des machines. Un frein pour beaucoup de jeunes ophtalmologues.