Poubelles en pagaille à Marseille : les habitants exaspérés

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Nathalie Chevance et A.D
Le conflit est à son comble à Marseille. Alors que la grève des éboueurs continue, la population est en colère et les élus demandent l'intervention de la police.
REPORTAGE

Des amoncellements d'ordures envahissent Marseille. Depuis sept jours, les éboueurs, en conflit avec la société privée Derichebourg, empêchent la collecte dans toute la ville. Une situation qui commence à poser de sérieux problèmes d'hygiène. Les Marseillais sont en colère et la métropole a saisi la justice.

"On paye". Ils ne sont qu'une quinzaine d'hommes sur les piquets de grève, une poignée de salariés de chez Derichebourg autour d'un délégué Force ouvrière. Le problème pour eux ? Une société mandatée par la métropole affirme que ces salariés ne travaillent effectivement que 4 heures par jour pour ramasser les déchets, selon le système du fini parti. Les Marseillais sont de leur côté exaspérés par les ordures en pagaille : "Ils sont payés quand même ! Après, ils s'étonnent qu'il y a plus de maladies, et les microbes et les rats. Ça déborde c'est horrible et on paye. Toutes les années, on reçoit nos charges et c'est marqué 'ordures ménagères' dessus." Mais les grévistes bloquent toujours les deux principaux sites de transfert des déchets où arrivent toutes les poubelles de Marseille : 900 tonnes par jour.

Dialogue de sourds. Monique Cordier, élue à la propreté ne voit qu'une solution : l'intervention de la police. La métropole a saisi la justice en référé pour obtenir l'intervention des forces de l'ordre et le déblocage des sites. "Nous demandons que les centres de transfert soient libérés. Il y va de l'hygiène, de la santé. Il faut que le préfet de police puisse intervenir. Nous ne pouvons plus rester comme ça". En attendant, le dialogue de sourds continue. Quand Force ouvrière demande le maintient d'une prime de 80 euros par mois et le paiement des jours de grève, Derichebourg oppose une fin de non-recevoir. 

Quelques bennes évacuées. La métropole en charge de la collecte des déchets à Marseille, a néanmoins réussi à faire tourner quelques bennes, dégageant en priorité les abords des hôpitaux et des écoles, a-t-elle indiqué mardi. "Cette nuit, nous sommes parvenus à évacuer 40 bennes vers d'autres centres de tris", a indiqué une source proche de la métropole. 

Tahar Ghali, représentant du personnel, a dénoncé les conditions dans lesquelles s'est fait l'accès aux centres de tri, affirmant que des vigiles s'en sont pris aux grévistes. "Vers 23H00, des vigiles de la société ont forcé le barrage des grévistes et ont blessé deux personnes", a-t-il assuré. "Hier soir deux bennes non grévistes ont collecté dans le deuxième secteur entre 23h et 4h, sous le contrôle de deux huissiers. A plusieurs reprises les bennes ont été empêchées de circuler et la police est intervenue", a affirmé pour sa part le directeur général du nettoiement chez Derichebourg, Emmanuel Brun.