Policiers agressés à Viry-Châtillon : l’enquête progresse malgré l’omerta

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Caroline Politi
Six personnes, dont deux mineurs, ont été interpellées ce lundi dans le cadre de l’enquête pour "tentatives de meurtre" contre quatre agents de police à Viry-Châtillon en octobre dernier.

Pièce après pièce, le puzzle prend forme. Quatre mois après l’attaque de quatre policiers à Viry-Châtillon, six personnes ont été interpellées ce lundi aux alentours de six heures du matin. Ces quatre majeurs et deux mineurs sont soupçonnés d’être impliqués dans le guet-apens tendu le 8 octobre dernier contre deux voitures de police en faction pour protéger une caméra de surveillance stratégique dans la lutte contre le trafic de drogue dans la cité de la Grande-Borne. Les vitres des véhicules avaient été brisées et des cocktails Molotov avaient été jetés dans l’habitacle. Pour empêcher les quatre policiers de sortir, les agresseurs - une quinzaine au total - ont bloqué les portes de la voiture. Deux agents avaient été très grièvement brûlés.

Cette nouvelle vague d’arrestations – la quatrième depuis le début de l’enquête menée par la sûreté départementale de l’Essonne – s’est déroulée dans le quartier de la Grande Borne et à Juvisy "sans incident", précise le parquet d’Evry dans un communiqué. Des perquisitions au domicile des gardés à vue ont également eu lieu dans la matinée.

Dix mises en examen.  Au total, dix personnes,dont trois mineurs au moment de l’agression, ont déjà été mises en examen dans cette affaire ouverte des chefs de "tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime". Leur niveau d’implication serait divers : si certains sont soupçonnés d’avoir été sur les lieux lors de l’attaque et d’y avoir pris part, d’autres en revanche auraient un rôle plus indirect, notamment dans la confection des engins explosifs. Mais selon une source proche de l’enquête, il s’agirait des "petites mains" de l’opération plutôt que des "cerveaux". "Ce qui n’empêche pas qu’ils aient pu y prendre une part très active." En clair : les enquêteurs sont toujours à la recherche des commanditaires de cette attaque préparée.

Les images de vidéosurveillance se sont révélées peu concluantes – notamment parce que les agresseurs étaient cagoulés – mais des traces d’ADN ont été retrouvées sur la scène de crime. Reste que depuis le début de l’affaire, les enquêteurs avancent à pas feutrés dans cette affaire aussi sensible que médiatique. "La majorité des gens du quartier n’osent pas parler, elles craignent des représailles", indique une source policière. Pour lutter contre cette omerta, un numéro vert et anonyme a été lancé et un important travail de porte-à-porte mené. "C’est un travail d’escargot, il faut être particulièrement minutieux pour réunir des preuves et recouper toutes les informations."

Ces nouvelles gardes à vue peuvent durer jusqu’à 96 heures.