Plus pauvres qu'il y a 30 ans, les locataires ont moins de chances de devenir propriétaires

Les locataires ont moins de chances de devenir propriétaires qu'il y a 30 ans, selon l'Insee (photo d'illustration).
Les locataires ont moins de chances de devenir propriétaires qu'il y a 30 ans, selon l'Insee (photo d'illustration). © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
"L'accès à la propriété est devenu plus sélectif. Ceux qui n'y ont pas accès se trouvent de plus en plus parmi les plus modestes", selon l'Enquête logement de l'Insee, publiée mardi. 

Plus pauvres qu'il y a 30 ans comparé au reste de la population, les ménages qui ne sont pas propriétaires ont aujourd'hui moins de chances de le devenir, affirme l'Insee, dont l'Enquête Logement publiée mardi montre un accès à la propriété en recul en France.

Le taux d'accès à la propriété en recul. "L'accès à la propriété est devenu plus sélectif. Ceux qui n'y ont pas accès se trouvent de plus en plus parmi les plus modestes", lit-on dans la dernière édition de cette enquête triennale réalisée depuis 40 ans, qui a été menée entre juin 2013 et juin 2014. Car si le taux de propriétaires atteint 58% - et même 75% à l'âge de la retraite -, une proportion en hausse depuis 30 ans dans l'Hexagone, le taux d'accès à la propriété, lui, a reculé depuis 2001, passant de 14% à 11,4%.

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Inégalités d'accès accrues. En outre, en 30 ans les inégalités d'accès à la propriété se sont accrues entre les différentes catégories de ménages, en particulier entre ceux que leurs parents peuvent aider et les autres, car l'aide financière de la famille est devenue fréquente. De même le revenu, la nécessité d'avoir deux apporteurs de ressources et un emploi stable "sont devenus des conditions plus prégnantes". Alors que le montant de l'apport personnel représente environ le tiers du montant de l'achat en 2013, contre 15% trente ans auparavant, la probabilité de devenir propriétaire est plus élevée pour les ménages appartenant à la moitié la plus aisée de la population.

Augmentation des prix. Par ailleurs, si la baisse des taux d'intérêt et l'allongement des durées d'emprunt ont renforcé la capacité d'achat des ménages, ces deux facteurs "n'ont qu'en partie compensé la hausse des prix". Entre 1996 et 2016, les prix à la consommation ont augmenté de 31%, le revenu disponible brut par ménage de 40% et les loyers de 46% tandis que le prix des logements anciens était, lui, multiplié par 2,5 (et 2,67 en Île-de-France). Mais l'évolution la plus marquante a été le creusement des écarts de revenus entre propriétaires et locataires, entre 1973 et 2013.

Si les anciennes générations de propriétaires pauvres habitant des logements de mauvaise qualité ont disparu - un cinquième des ménages les plus pauvres sont propriétaires en 2013, contre près de la moitié en 1973 -, à l'inverse 42% des "non propriétaires" font aujourd'hui partie des ménages aux revenus les plus modestes, contre 25% en 2015.