Petites lignes SNCF menacées : "Si la gare ferme, je vais réfléchir concrètement à déménager"

© DAMIEN MEYER / AFP
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Jean-Jacques Héry, édité par A.H.
La réforme de la SNCF pourrait conduire à la fermeture de certaines lignes ferroviaires, moins fréquentées. Cela suscite déjà l'inquiétude des usagers et des élus.

Le Nord se dresse contre Jean-Cyril Spinetta et son rapport rendu jeudi au gouvernement, où il préconise un "audit" pour étudier la rentabilité de certaines "petites lignes" ferroviaires. Beaucoup de tronçons ruraux sont menacés, et de nombreuses petites communes sont inquiètes. C'est par exemple le cas de la ligne TER entre Douai et Cambrai.

La gare, un atout pour l'attractivité des communes. Des cinq gares de la ligne, celle d'Arleux, 3.000 habitants, est la plus isolée. Cambrai est à vingt kilomètres au sud, Douai à dix kilomètres au Nord. C'est justement parce que cette gare existait que Cédric est venu s'installer dans le village, il y a neuf ans. Tous les jours, ce cadre monte dans le TER pour aller travailler à Lille. "Le train est un des points forts qui ont fait que notre choix familial s'est orienté vers cette commune. Si la gare ferme, je vais réfléchir concrètement à déménager. Au lieu de rendre les territoires ruraux dynamiques, on prend le risque d'un appauvrissement", déplore-t-il au micro d'Europe 1. 

"Une voie très empruntée". Cette facilité de déplacement est une chance, estime Bruno Vandeville, le maire d'Arleux. Comme dans les villages voisins, la commune a même investi il y a quelques années pour construire un parking juste à côté de la gare. "C'est une voie très empruntée. Evidemment, ce n'est pas rentable, mais si on part sur ce principe-là, on fermerait aussi les écoles, les cantines… Il n'y a aucune raison de supprimer tous ces arrêts", avance-t-il. L'édile se dit déterminé à "maintenir la pression".

Des enjeux économiques. Une première réunion publique s'est tenue jeudi dernier, jour de la sortie du rapport, et a réuni une centaine d'usagers et d'élus inquiets. D'autres réunions publiques vont être organisées très prochainement avec les élus et les usagers des communes concernées. D'autant que l'enjeu est aussi économique. En effet, une base logistique pourrait bientôt s'installer dans la région, avec à la clé 1.300 emplois et une belle attractivité. Sans train, les investisseurs pourraient renoncer à leur projet.