"Petit procès en correctionnelle" dès mardi pour le 'groupe de Tarnac'

L'affaire avait débuté le 11 novembre 2008 par l'arrestation d'une dizaine de membres d'une communauté libertaire installée à Tarnac, un petit village de Corrèze.
L'affaire avait débuté le 11 novembre 2008 par l'arrestation d'une dizaine de membres d'une communauté libertaire installée à Tarnac, un petit village de Corrèze. © AFP
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Chloé Triomphe et Théo Maneval édité par C.O. , modifié à
Après l'abandon de la qualification terroriste, huit membres du "groupe de Tarnac" comparaissent mardi à Paris pour de simples dégradations d'une ligne SNCF et des manifestations violentes commises en 2008. Des accusations qu'ils réfutent en dénonçant un procès politique.

Le procès du "groupe de Tarnac" s'ouvre mardi devant le tribunal correctionnel de Paris. D'abord mis en cause pour "terrorisme" en 2008, huit militants d'extrême-gauche, dont Julien Coupat et son ex-petite amie Yldune Levy, sont accusés d'avoir participé au sabotage d'une ligne SNCF et d'avoir organisé des actions violentes contre l'Etat.

Une arrestation spectaculaire. Les 7 et 8 novembre 2008, des caténaires de quatre lignes SNCF avaient été sabotées dans l'Oise, l'Yonne et en Seine-et-Marne semant la paillage avec une centaine de TGV et 20.000 voyageurs bloqués. Le 11 novembre 2008, devant les caméras de télévision, une dizaine de membres d'une communauté libertaire installée à Tarnac, un petit village de Corrèze sont arrêtés par 150 policiers cagoulés dans une opération spectaculaire. La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, salue alors l'interpellation de membres de "l'ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome, en lien avec les sabotages" et le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, décrit "une cellule invisible" ayant pour objet "la lutte armée".

"Une politique de l'acharnement". Dans ce dossier, longtemps présenté comme une affaire de terrorisme, avant que la Cour de cassation n'abandonne cette qualification en 2017, les prévenus ont toujours nié et dénoncé une machination policière et judiciaire née d’une volonté politique. "Ce qui est extraordinaire, c'est qu'il n'y a pas de groupe de Tarnac, il n'existe pas. Il y a un groupe de Tarnac car ils se défendent et qu'ils se sont défendus collectivement", dénonce l'avocate de Yildune Levy, Me Marie Dosée. "C'est une politique de l'acharnement qui va contaminer ce dossier. La genèse est d'abord politique. C'est le contexte d'une certaine droite qui arrive au pouvoir avec Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie. Mais il y a une résistance. Pour casser la résistance, on va essayer de fabriquer l'idée selon laquelle ceux qui sont contre cette vision du monde sont des gens dangereux."

Un procès "au rabais" ? Benjamin Rosoux, 39 ans, l'un des huit prévenus, poursuivi pour refus de se soumettre à un prélèvement ADN, regrette de son côté ce procès en correctionnelle "au rabais" : "On voit bien qu'ils essayent de passer sous silence ce qu'était l'opération de départ et tout ce qu'elle a permis. On est quand même resté neuf ans sous anti-terrorisme, ce qui a donné toute latitude à la police de surveiller tous nos amis, de faire des surveillances rapprochées et aujourd'hui on fait un petit procès en correctionnelle pour évacuer la question", déplore-t-il au micro d'Europe 1. "C'est bien ça qu'il va s'agir de remettre sur le devant de la scène." Le procès Tarnac est prévu jusqu'au 30 mars.

A quoi ressemble aujourd'hui le village de Tarnac ?