Pédophilie : à Villefontaine, les parents restent prudents

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Jean-Luc Boujon et , modifié à
S'ils se félicitent de l'adoption prochaine d'une loi, les parents d'élèves de l'école primaire de Villefontaine craignent qu'on oublie le volet judiciaire de l'affaire.

La loi, une bonne chose. Après la visite des ministres de l'Education et de la Justice lundi à Villefontaine, les parents d'élèves étaient plutôt satisfaits. C'est dans cette petite commune qu'un directeur d'école a été mis en examen en mars pour des faits présumés de viol de 11 élèves. L'enseignant avait été condamné en 2008 à six mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, un jugement dont l'Education nationale n'avait pas été informée.

 

Les parents d'élèves ont apprécié l'écoute des ministres et ont senti qu'elles avaient à cœur de faire avancer le dossier de la pédophilie à l'école. Après les différents scandales de pédophilie à l'école, une loi imposera à l'avenir à l'administration judiciaire française d'informer systématiquement l'Education nationale des poursuites ou condamnations pour pédophilie visant des enseignants ou personnels en contact avec des enfants.

 

Ne pas oublier le volet judiciaire. En revanche, ils ont été déçus par les conclusions de l'enquête sur les dysfonctionnements qui ont permis au directeur de l'école de Villefontaine de se retrouver devant leurs enfant malgré une première condamnation en 2008. "Je suis déçue en tant que maman. Je n'ai rien appris de nouveau", confie cette mère d'élève. "Il pourrait y avoir une centaine de victimes", assure un autre parent d'élève. "A cause de certains tabous communautaires, certains parents se murent dans le silence," déplore Nidal, qui appelle ces derniers à "sortir du silence".

 

La justice soupçonne l'ancien directeur d'école d'avoir imposé "par surprise" des fellations à plusieurs de ses élèves dans le cadre de ce qu'il appelait "un atelier du goût". Les enfants, les yeux bandés, devaient identifier des "choses" que l'enseignant leur faisait goûter. Il est mis en examen pour des faits concernant onze élèves à ce jour.

Le parquet de Grenoble a précisé lundi que 44 mineurs s'étaient manifestés depuis la mise en examen du directeur d'école, déjà soupçonné de onze viols, a indiqué lundi le procureur de Grenoble. "Cinquante-cinq mineurs (au total, ndlr) sont concernés. Ils se sont manifestés ou leurs parents l'ont fait. Il peut y en avoir d'autres. Cela ne veut pas dire 55 victimes", a déclaré le procureur de Grenoble Jean-Yves Coquillat.