Pédophilie : 600 personnes près de Lyon réunies en hommage aux victimes

eglise de Sainte-Foy-lès-Lyon crédit : JEFF PACHOUD / AFP - 1280
Près de 600 personnes se sont rassemblées à l'église de Sainte-Foy-lès-Lyon où officiait Bernard Preynat © JEFF PACHOUD / AFP
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avec AFP , modifié à
Quelque 600 personnes se sont rassemblées en banlieue de Lyon pour rendre hommage aux victimes d'un prêtre pédophile.

Quelque 600 personnes se sont recueillies lundi soir près de Lyon dans la paroisse où a officié le père Bernard Preynat, soupçonné d'avoir abusé quelque 70 jeunes scouts de 1972 à 1991, afin de rendre hommage aux victimes d'abus sexuels.

Une journée de "prières et de pénitence" initiée par le pape François. Les fidèles de l'église Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon, une banlieue élégante de l'ouest lyonnais, répondaient ainsi à l'appel de la Conférence des évêques de France (CEF) du 14 octobre, pour une "journée de prière et de pénitence" dont le principe avait été annoncé un mois avant par le pape François.

Plutôt âgés, les paroissiens ont silencieusement pris place dans cette petite église sobre et sans charme, construite au début des années 60. Célébrée par le père Eric de Nattes, la messe a duré près d'une heure trente. S'adressant aux membres de l'association "La parole Libérée", composée d'anciens scouts de Saint-Luc victimes de Bernard Preynat et qui a permis de mettre au jour ses abus début 2016, l'actuel prêtre de la paroisse a surpris l'assistance par son homélie.

Des excuses au nom de l'Église. "Je viens pour vous demander pardon en mon nom, en votre nom à tous paroissiens, au nom de mon église qui n'a pas écouté et qui a encore tant de mal à écouter, qui a couvert d'un silence coupable ces crimes et qui a tant de mal à sortir de ce silence qui a laissé les victimes à leur solitude", a déclaré le père de Nattes. À plusieurs reprises, il s'est aussi excusé de ne pas avoir formellement invité les membres de "La Parole Libérée" à assister à la messe. "Je n'ai pas pu le faire pour une espèce de blocage intérieur qui était de dire : 'comment inviter des personnes qui ont vécu dans ces lieux ce qu'ils ont vécu'", expliquera t-il plus tard devant la presse.

Deux lettres de parents d'anciennes victimes de Bernard Preynat - dépeint dans ces dernières comme un "prédateur", un "être ignoble qui prêchait le bien et qui faisait le mal" - mais aussi celle d'une femme qui a subi un viol dans les années 70 par un prêtre ont été également lues à l'assistance.

Un "trop long silence coupable". "L'important, c'est d'être réunis ce soir. C'est déjà un grand pas", a réagi Annick, 40 ans, après la messe. Marie-Thérèse, 54 ans, a trouvé la célébration "formidable". "Mais, on a tellement honte", a t-elle ajouté évoquant l'affaire Preynat. "On pensait vraiment que c'étaient des ragots", a ajouté pour sa part Françoise, 80 ans, "satisfaite que l'histoire soit sortie". Initialement prévus, les 70 cierges, qui devaient symboliser les 70 victimes du père Preynat, n'ont finalement pas été allumés à la demande de "La Parole libérée".

Lundi, les évêques de France, réunis à Lourdes, ont solennellement demandé pardon pour le "trop long silence coupable" de l'Église face à ces abus sexuels.