Lundi, ils sont venus du Pays Basque, de l'Ariège, des Hautes-Pyrénées pour dire "non" à la réintroduction de l'ours voulue par le gouvernement. 1:32
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et Benjamin Peter avec AFP , modifié à
Lundi, ils sont venus du Pays Basque, de l'Ariège, des Hautes-Pyrénées pour dire "non" à la réintroduction de l'ours voulue par le gouvernement.

Les ours ne sont pas les bienvenus dans les Pyrénées-Atlantiques. Lundi, ils sont venus du Pays Basque, de l'Ariège, des Hautes-Pyrénées pour dire "non" à la réintroduction de l'ours voulue par le gouvernement. Plus de 1.200 manifestants, bergers, agriculteurs et élus de tous bords, ont défilé lundi à Pau au son des cloches de brebis contre le plan annoncé fin mars par le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, en faveur de la réintroduction deux ours femelles dès cet automne dans le département pour assurer la pérennité de l'espèce.

Mais les opposants estiment que la présence des ours et les activités humaines, notamment pastorales, ne sont pas compatibles. "Stop ours", "Hulot, l'écologie qui se déplace en hélico", pouvait-on lire sur les banderoles tendues sur les tracteurs des manifestants, certains venus d'Ariège ou de la province espagnole voisine d'Aragon, tandis que des bergers avaient pendu des ours en peluche au bout de leurs bâtons.

"On ne se laissera pas faire". Olivier Maurin, éleveur et président de l'Association pyrénéenne pour le développement durable de l'identité des Pyrénées (ADDIP), ne veut pas être sacrifié au profit de l'ours. "Les écologistes aujourd'hui c'est nous !", affirme-t-il à Europe 1. "Dans les Pyrénées c'est le pastoralisme qui permet de maintenir cette biodiversité qui ne s'arrête pas à une espère comme on voudrait nous le faire croire". "On ne se laissera pas faire".

Lourd tribut en Ariège. Dans le cortège, beaucoup d'Ariégois. Car le département a payé un lourd tribut : l'été dernier 200 brebis étaient mortes en tombant d'une falaise. Jean-Marc, éleveur, ne veut pas que cela se reproduise. "On se réveille encore la nuit en y repensant. [...] Ce n'est plus de la colère, c'est du dégoût", lâche-t-il au micro d'Europe 1. Bernard Layre, president de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, a quant à lui dénoncé "un projet complètement décalé par rapport à la réalité". "En Ariège, dans les vallées où les ours sont concentrés, les attaques se sont multipliées. Plus de 600 bêtes tuées en 2017 par les ours, pour la majorité des brebis", a déploré Claude Soulas, directeur du Centre départemental de l'élevage ovin. Pour lui, "les mesures de protection, barrières, chiens, etc. préconisées par le gouvernement sont totalement inefficaces".

"Mensonge d'État". Des parlementaires, la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac, le sénateur Les Républicains Max Brisson ou encore le député Jean Lassalle (non inscrit), lui-même ancien berger, s'étaient joints à cette manifestation, mais ne faisaient pas partie d'une délégation reçue par le préfet. "Je suis venu dénoncer le mensonge d'Etat de Nicolas Hulot qui consiste à dire que les ours et les brebis sont compatibles. Je dénonce cette imposture", a déclaré Jean Lassalle.

 

Le plan de Hulot pour la réintroduction de deux ours femelles

Fin mars, Nicolas Hulot avait annoncé qu'il souhaitait "engager la réintroduction de deux ours femelles dans les Pyrénées-Atlantiques à l'automne", car il ne reste que deux mâles dans ce département, dont le fils de Cannelle, la dernière représentante de l'ours de souche des Pyrénées, tuée par un chasseur en 2004. Après une réintroduction en 1996-97 de trois ours slovènes non loin de la frontière avec l'Espagne, puis de cinq autres en 2006 (dont un est mort), le nombre d'ours dans les Pyrénées est évalué à 39, principalement dans le centre du massif.