Paris : une publicité accusée d’inciter à la prostitution des étudiants

Cette affiche publicitaire a été aperçue devant plusieurs universités de Paris.
Cette affiche publicitaire a été aperçue devant plusieurs universités de Paris. © Capture d'écran Twitter/@Paris
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J.R. , modifié à
Un panneau publicitaire vantant un site de "sugar daddy" a été aperçu devant certaines universités parisiennes. La mairie a saisi la justice pour demander la fermeture du site internet mis en cause.

Une publicité pour un site de "sugar daddy", ces plateformes en ligne taxées de proxénétisme, a provoqué un tollé à Paris. Le panneau publicitaire, aperçu depuis mardi devant des universités parisiennes, est accusé d’inciter à la prostitution étudiante. "Hey les étudiant(e)s, romantique, passion et pas de prêt étudiant, sortez avec un sugar daddy ou une sugar mama", vante cette affiche en référence à ces hommes ou femmes, souvent riches, prêts à payer pour avoir des relations tarifées avec des jeunes à la recherche d’argent, la plupart du temps des étudiant(e)s. La mairie de Paris a saisi la justice.

Le site en question, richmeetbeautiful, se définit lui-même comme un "réseau de rencontres en ligne" pour hommes et femmes "à la recherche d’une relation mutuellement avantageuse". "Que ce soit une étudiante universitaire très occupée, une mère célibataire mature, un dirigeant au sommet de sa carrière ou un entrepreneur passionné, ils savent que leur temps est précieux", avance, sans la moindre ambiguïté, le site internet.

La mairie saisit le procureur. Cette publicité a immédiatement été condamnée par les internautes et la mairie de Paris. "J'ai saisi le procureur de la République et la plateforme de signalement Pharos" (qui permet de porter à la connaissance des autorités les contenus ou comportements illicites sur internet) pour demander la fermeture du site RichMeetBeautiful.fr", a indiqué sur Twitter Hélène Bidard, adjointe PCF chargée de la lutte contre les discriminations de la maire PS de Paris Anne Hidalgo. "Outre le trouble à l'ordre public d'une publicité qui peut être vue par des mineurs, ce site est une violence faite aux femmes. Derrière ces images dorées, des jeunes peuvent tomber dans la prostitution", a-t-elle précisé à l'AFP. "Nous voulons une enquête qui pourrait amener à des poursuites pour proxénétisme", a ajouté l'élue parisienne.

La FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes) a d'ailleurs annoncé porter plainte "du chef de proxénétisme", estimant que "cette publicité a pour objet d'attirer les étudiant-es en situation de précarité (...) et de les inciter à accepter de se livrer à des actes sexuels avec des personnes plus âgées". "D'un cynisme total(...), la société prospère sur la précarité rencontrée par une partie des jeunes. Après plusieurs pays européens, elle s'attaque aujourd'hui aux campus français, en proposant une solution indigne", ajoute la FAGE dans un communiqué.

Une publicité qui "peut tomber sous le coup de la loi". Serge Coronado, ancien député des Français de l’étranger qui a travaillé sur la loi de lutte contre la prostitution, a également estimé auprès de Marianne que cette publicité "peut être considérée comme du proxénétisme car c'est le site qui met en avant le fait de 'sortir' avec une personne contre la promesse d'une rémunération nécessaire si on n’a pas eu de 'prêt étudiant". Cette campagne publicitaire "peut tomber sous le coup de la loi".