Il avait fallu trois ans à New York pour retrouver ses touristes après le 11 septembre 2001 ; il aura fallu un peu plus d'un an à Paris pour retrouver les siens. 2017 est même la meilleure année de la capitale depuis 10 ans, selon les chiffres publiés par le Comité régional du tourisme d'Île-de-France mardi. 16,4 millions de visiteurs se sont pressés dans la capitale entre janvier et juin, soit 10,2% de plus que l'année précédente pendant la même période. Et parmi ces visiteurs, les Asiatiques ne sont pas en reste.
D'importants investissements publics.Rassurer et redonner confiance aux touristes étrangers a été l'urgence post-attentats pour les professionnels du tourisme en France. Pour y parvenir, l'État a investi 42 millions d'euros auxquels la région Île-de-France en a ajouté 8,50 millions. Une mission : faire campagne à l'étranger.
Pour cela, tous les moyens ont été employés : affiches, publicités locales, rencontres avec les autorités... Paris doit inspirer un sentiment de sécurité. Alors pendant un an, l'État, la région et la ville de Paris ont multiplié les opérations de communication.
"Expliquer que l'état d'urgence ce n'est pas l'état de guerre". "On a même fait visiter à des tour operators chinois le PC de sécurité vidéo de la préfecture de police de Paris pour leur montrer que le réseau des transports parisien était maillé de caméra et qu'il y avait une vraie surveillance", détaille Frédéric Valletoux, en charge du tourisme en Île-de-France, qui a piloté cette mission.
"Il a fallu expliquer que l'état d'urgence ce n'est pas l'état de guerre, ce n'est pas des blindés à chaque coin de rue, qu'il n'y a pas de couvre-feu, qu'on peut vivre normalement... On a redonné confiance dans la sécurité de la destination."
Attirer avec des offres commerciales.De grandes entreprises comme Air France, la SNCF et Aéroports de Paris se sont ainsi mobilisées. Pour attirer les touristes, il a fallu également prendre des mesures commerciales : des promotions sur les hôtels, les musées, les billets de TGV par exemple.
Des clients asiatiques qui font leur retour. Des efforts qui ont donc porté leurs fruits notamment auprès des visiteurs asiatiques qui avaient boudé la France l'an dernier à cause de la vague d'attentats. C'est le cas de Sun Xi, rencontrée par Europe 1 dans le quartier des Grands magasins.
Paris reste la ville du shopping de luxe. À peine sortie de cette boutique où toutes les pancartes sont en mandarin, la jeune femme décroche son téléphone et raconte à son frère en vidéo sa journée haletante de shopping. Elle n'est dans la capitale que depuis 72 heures, mais elle a déjà de nombreux paquets dans les mains.
"J'ai acheté du rouge à lèvres, des vêtements, une montre... Ces produits de luxe restent moins chers ici que chez nous", détaille-t-elle. La touriste a dépensé 300 euros en moins d'une heure, ce qui représente plus du double du panier moyen quotidien des étrangers à Paris.
Un panier moyen élevé. Cette clientèle asiatique qui revient consomme encore plus qu'en 2016. "Même s'il y a des problèmes avec le terrorisme, on se sent quand même en sécurité à Paris la plupart du temps", explique Cal, un touriste chinois. "C'est une ville plus relax. En Chine, la vie est beaucoup plus dure." Une certaine qualité de vie, le romantisme... Autant d'arguments traditionnels qui ont permis aux visiteurs de reprendre le dessus sur la peur.
L'objectif des professionnels du tourisme est donc atteint pour le premier semestre. Une tendance qu'ils espèrent bien entretenir avec l'objectif d'atteindre la barre des 100 millions de touristes en France à l'horizon 2020. Une montée en puissance qui devrait atteindre son apogée avec les Jeux olympiques de Paris en 2024.