Opération antiterroriste à Grande-Synthe : que sait-on du centre Zahra France ?

Centre Zahra 1280
Le siège du centre Zahra a notamment été perquisitionné, mardi matin. © Lionel Gougelot/Europe 1
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avec Lionel Gougelot et AFP , modifié à
Le siège du centre, qui regroupe plusieurs associations chiites, et les domiciles de ses principaux dirigeants ont été perquisitionnés, tôt mardi matin. Trois personnes ont été placées en garde à vue.

Le "soutien marqué" à "plusieurs organisations terroristes". C'est ainsi que la préfecture du Nord a justifié l'opération d'envergure menée au petit matin, mardi à Grande-Synthe, et visant le centre Zahra France. Des "visites domiciliaires" permises par la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, qui a remplacé l'État d'urgence, ont été menées au siège de la structure et chez ses principaux dirigeants. L'opération ne s'est pas faite dans l'urgence mais s'inscrit "dans la prévention du terrorisme", selon la préfecture : plusieurs des associations hébergées par le centre faisaient l'objet d'un suivi particulier, sans lien aucun avec l'État islamique.

Apologie de mouvements terroristes. D'après l'Express, qui a publié un article sur les "amis très particuliers du centre Zahra" en 2009, la structure chiite a été fondée en 2005. Elle héberge plusieurs associations, parmi lesquelles le Parti antisioniste, la Fédération chiite de France ou France Marianne Télé. Plusieurs d'entre elles sont soupçonnées par les autorités françaises de faire l'apologie de mouvements terroristes, comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais, soutenus par l'Iran. Coïncidence ? Mardi, le Journal officiel a fait état du gel des avoirs du centre, ainsi que des fonds d'une direction du ministère iranien du renseignement.

Sur son site internet, le centre explique lui avoir pour but de "faire connaître le message de l'Islam à travers le regard du Prophète et de sa famille; de les faire connaître, de traduire leurs pensées et de témoigner de leurs œuvres." Trois hommes se présentent comme étant à l'origine du projet : Gouasmi Yahia, Tahiri Jamel et Khalid Abdelkrim. Leurs domiciles font partie des lieux perquisitionnés par les enquêteurs. "Nous, on soutient le Hezbollah et nous avons toujours affiché un combat antisioniste", assume le premier auprès d'Europe 1. "Nous sommes contre Israël, contre le sionisme international,contre le sionisme de l'Elysée." 

Trois personnes en lien avec le centre ont été placées en garde à vue, notamment pour détention illégale d'arme à feu, sans que l'on connaisse leur identité. D'autres détenaient des armes légalement. L'un des trois hommes passera mercredi en comparution immédiate, tandis que les deux autres ont été relâchés, a-t-on appris mardi soir auprès du parquet de Dunkerque.

Discours et chants religieux. Quelles étaient les activités du centre ? Le site évoque la contribution à des publications d'oeuvres, des colloques et des voyages, mais aussi "une structure d'accueil à caractère social, familial et religieux". De nombreuses vidéos et fichiers audios de discours et de chants religieux sont consultables en ligne mais aussi sur les réseaux sociaux de la structure, qui compte plus de 8.500 abonnés sur Facebook et YouTube.

En mai 2016, le centre avait posté un article condamnant "le groupe terroriste dirigé par le Calife autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi depuis le 29 juin 2014" (le chef du groupe État islamique, ndlr), le qualifiant de "projet nazi socialo-sioniste". Plusieurs vidéos relayées sur Facebook ou Youtube et consultées par Europe 1 évoquent aussi le "combat contre l'ennemi israélien". Récemment, les pages du centre sur ces réseaux sociaux faisaient la promotion d'une application à destination des jeunes, destinée à "élargir [leurs] connaissances islamiques". Selon la mairie, ce centre ne participe "ni de près ni de loin" à l'aide aux migrants et aux réunions régulières entre associations et élus.