"On ne peut pas laisser des gens se noyer comme seul modèle de régulation migratoire"

Jean Viard
Jean Viard est l'auteur de "Quand la Méditerranée nous submerge" © DR
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B.V. , modifié à
Le sociologue Jean Viard appelle à une plus grande ouverture sur le monde, et notamment l'espace méditerranéen, pour faire face aux enjeux d'aujourd'hui.

"Donald Trump veut faire un mur avec le Mexique, nous on a inventé le cimetière marin comme système de protection. Au fond, c'est la même question : comment nos grands pays puissants s'occupent de leur sud ?" Invité du Club de la presse, mardi, sur Europe 1, le sociologue Jean Viard s'est interrogé sur la gestion des grands enjeux du moment et appelle à revoir notre rapport à la mondialisation et à l'autre, dans le prolongement de son livre Quand la Méditerranée nous submerge.

Entendu sur europe1 :
Je ne fais pas l'éloge de la mondialisation, je dis que c'est le nouveau temps de l'humanité

"On ne peut pas laisser des gens se noyer comme seul modèle de régulation de la situation migratoire dans laquelle on est en train d'entrer", diagnostique ce directeur de recherche au CNRS et au Cevipof en référence au lourd bilan humain des flux migratoires entre l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Europe. "On ne peut pas laisser le monde arabe s'effondrer", poursuit-il, appelant la France à embrasser à nouveau son "histoire méditerranéenne".

"On a les outils pour développer l'Afrique". "Je ne fais pas l'éloge de la mondialisation, je dis que c'est le nouveau temps de l'humanité", développe Jean Viard. "Là-dedans, notre responsabilité est d'être entre l'Europe, la Méditerranée et l'Afrique." Le sociologue se veut d'autant plus optimiste que l'immigration qu'a connue la France au 20ème siècle lui aurait donné "les outils, y compris culturels, pour développer l'Afrique".

"On ne parle jamais de l'Afrique", regrette Jean Viard, dont les positions sociétales (légalisation du cannabis, accompagnement plus fort du culte musulman) se révèlent souvent iconoclastes. Il rappelle que "la moitié du milliard et demi d'Africains de 2050 vont être francophones. On a là un atout, si on sait l'utiliser."