"Ne jamais oublier" : à Lourdes, l'Église rend hommage aux victimes de pédocriminalité

  • Copié
Wilfried Devillers, édité par Solène Leroux avec AFP , modifié à

Un mois après la publication du rapport Sauvé sur les abus sexuels au sein de l'Église, les évêques ont rendu hommage aux victimes lors d'une cérémonie à Lourdes. Réfléchie avec les victimes, ce temps de recueillement a été organisé afin de "ne jamais oublier".

Le glas a sonné aujourd'hui à Lourdes en mémoire des victimes de pédocriminalité au sein de l'Église. Hier, les évêques de France ont reconnu la responsabilité institutionnelle de l'Église dans les violences sexuelles subies par des dizaines de milliers d'enfants. Lourdes deviendra en mars prochain un lieu de mémoire pour les victimes estimées au sein de l'Église par le rapport Sauvé. Les religieux, sans leurs habits liturgiques et quelques fidèles se sont recueillis devant une photo et ont organisé une prière de repentance au sanctuaire.

Cette cérémonie avait une portée symbolique importante d'après le père Hugues de Woillemont de la Conférence des évêques de France (CEF). L'idée "était déjà de poser un premier geste de mémoire pour les personnes victimes", a expliqué le secrétaire général au micro d'Europe 1. La photo dévoilée aujourd'hui "va désormais rester dans le sanctuaire de Lourdes" a-t-il précisé. Un texte accompagne la photo, "une statue de pierre dans une église", qui "représente un enfant qui pleure".

Une journée pensée avec les victimes

Il s'agit de "ne jamais oublier" et "de laisser cette mémoire pour les personnes victimes qui ont subi des violences et des agressions dans l'église", a affirmé Hugues de Woillemont, tout en assurant que "cette matinée était préparée avec des personnes victimes, et c'est avec elles que cela a été vécu".

"J'ai vécu ces moments avec beaucoup d'émotion", a déclaré une victime, Véronique Garnier, qui participe régulièrement aux travaux de la CEF. Il était important de "nous rendre justice". Au contraire, une personne se présentant comme la victime, enfant, d'un prêtre de la congrégation des pères de Bétharram, implantée près de Lourdes, a lui, crié sa "colère". "La repentance, c'est pipeau", a dénoncé Jean-Marie Delbos, 75 ans. Il a réclamé devant la presse, que son prédateur, "revenu dans sa communauté, soit sanctionné et défroqué".

Des annonces pour lundi

Des décisions fortes, notamment sur la réparation des victimes, y compris dans sa dimension financière, sont attendues lundi, lors de la clôture des travaux de la CEF. La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, a estimé à 330.000 les personnes de plus de 18 ans ayant fait l'objet de violences sexuelles en France depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs (prêtres ou diacres), religieux ou personnes en lien avec l'Église (surveillants d'internat, responsables de mouvements de jeunesse etc).