Nadir Sedrati, le dépeceur du canal : "il n’avait aucun respect de la vie humaine"

Nadir Sedrati, qui arrive devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, en mai 2002.
Nadir Sedrati, qui arrive devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, en mai 2002. © AFP
  • Copié
Guillaume Perrodeau
Chez Christophe Hondelatte, retour sur le parcours criminel de Nadir Sedrati, condamné en 2002 pour trois meurtres.

Au printemps 1999, près de Nancy, plusieurs morceaux de corps sont découverts dans le canal de la Marne au Rhin. Alors que les autorités pensent d'abord à un homme qui se serait suicidé et qui aurait été découpé par une hélice de bateau, on se rend rapidement compte qu'il s'agit d'un crime. Chez Christophe Hondelatte lundi, Maître François Robinet revient sur cette affaire criminelle.

 

>> De 14h à 15h, c’est Hondelatte raconte sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission de Christophe Hondelatte ici

Repêchages en série. À la fin du mois de mai 1999, dans la région de Nancy, un pêcheur pêche un pied. Le lendemain, c'est un éclusier qui appelle la sécurité des voies navigables. Une tête flotte près de son écluse. Les autorités pensent d'abord à un suicide. Le cadavre aurait été déchiqueté par l'hélice d'un bateau. On s'attend donc à retrouver d'autres morceaux de corps et, en effet, on en retrouve le lendemain : un sexe d'homme et des côtes. Mais le médecin légiste constate qu'une hélice n'aurait jamais pu trancher des morceaux de corps ainsi. On a tué la personne et découpé son corps. La mort remonterait à un mois. L'affaire va même devenir un double meurtre lorsqu'un troisième genou va être repêché.

La piste Sedrati. Le premier cadavre est identifié. Il s'agit de Hans Gassen. Un Allemand qui a purgé sa peine de prison en France pour vol de camion. Depuis, il serait rentré en Allemagne et logerait d'ailleurs chez un certain Hans Muller. C'est d'ailleurs lui qui a signalé sa disparition. Lorsque les autorités s'emparent du détail des factures de Hans Muller, il constate un certain nombre de coups de fil, passés à un prénommé Philippe Grossiord. En réalité, cet homme n'existe pas. Il s'agit de Nadir Sedrati, qui a justement partagé sa cellule de prison avec Gassen et Muller récemment.

Hans Muller et Nadir Sedrati sont placés en garde-à-vue le 21 juillet 1999. Mais rapidement, c'est vers Nadir Sedrati que les soupçons vont se porter. À son domicile, on découvre un couteau et une scie de boucher, une broyeuse à végétaux et un étau. Et sous le canapé, dissimulé, on découvre un pot de poudre blanche dont on se rendra rapidement compte qu'il s'agit de cyanure, acheté sous une fausse identité. Pour les autorités, le scénario est simple : Nadir Sedrati a tué Hans Gassen en l'empoissonnant, puis il a démembré son cadavre. Une version rapidement confirmée par les dires de Hans Muller, qui raconte que Hans Gassen a disparu en pleine nuit, alors qu'il se trouvait chez lui, pour se rendre chez Nadir Sedrati et qu'il n'a plus donné de nouvelles depuis.

"Sedrati n’a aucun respect de la vie humaine". Quant à la deuxième victime, l'autre genou retrouvé dans le canal, elle a également été empoisonnée au cyanure. Et en cherchant du côté des anciens détenus de Nadir Sedrati, on s'aperçoit que deux d'entre eux ont disparu depuis leur sortie de prison : Gérard Steil et Norbert Ronfort. Grâce à l'ADN, on découvre que le deuxième inconnu du canal est Gérard Steil. Nadir Sedrati a retiré 3.000 francs avec sa carte les jours suivant sa disparition. "C'était dans un but purement utilitaire, Sedrati n’avait aucun respect de la vie humaine", affirme Maître François Robinet, avocat de la famille de Gérard Steil. Quant à Norbert Ronfort, disparu lui aussi, aucune trace de son corps ne sera retrouvée. Seul son sang est identifié dans la cuisine de Nadir Sedrati.

En avril 2002, Nadir Sedrati est jugé devant la cour d'assisses de Meurthe-et-Moselle, pour trois assassinats. "Il franchissait les marches du box en sautillant, comme s’il venait faire son théâtre", se souvient Maître François Robinet, "il tournait en dérision les remarques qui lui étaient faites". Nadir Sedrati va nier pendant tout le procès. Condamné une première fois à la perpétuité avec 20 ans de sûreté, il choisit de faire appel. Rejugé à Metz, il est condamné cette fois-ci à la perpétuité avec 22 ans de sûreté. "Je me demande même s’il n’en a pas tué davantage", fait savoir l'avocat de la famille Steil.