#MyPillStory : ces femmes qui brisent le tabou de la pilule

© FREDERICK FLORIN / AFP
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C.C.
Des milliers de tweets tordent le cou aux idées reçues qui érigent la pilule en solution contraceptive miracle. 

C'est l'histoire d'un banal hashtag, devenu viral en quelques jours grâce aux témoignages de milliers de femmes mécontentes de leurs pilules contraceptives. Lancé début avril, #MyPillStory répertorie des milliers de tweets indignés contre un système qui glorifie le "tout-pilule- et les injonctions à la prendre. Le phénomène a d'abord pris de l'ampleur aux Etats-Unis puis au Royaume Uni, et commence timidement à s'étendre à la France. 

Le ras-le-bol d'une journaliste américaine. Tout est parti du coup de gueule d'une journaliste américaine, Holly Brockwell, qui ne supportait pas la pilule et à qui on reprochait de vouloir se faire stériliser. Excédée par les réactions suscitées ("tu n'avais qu'à prendre la pilule"), elle s'est fendue d'un long texte sur sa page Facebook : "Avez-vous déjà essayé de prendre la pilule ? Est-ce que vous savez ce que c'est de saigner pendant un mois ? Avez-vous raté des matinées au travail parce que vous vomissiez à cause des hormones que vous n'avez pas besoin d'injecter dans votre corps ? (...) Non ? Alors cessez de me dire de quelle contraception j'ai besoin". 

La pilule ne correspond pas à tout le monde. "La pilule est un bon contraceptif... tant qu’elle ne te fout pas en l'air", a rebondi une de ses amies sur Twitter, lançant le hashtag #MyPillStory. Les témoignages abondant en son sens ne se sont pas faites attendre et des milliers d'anonymes ont commencé à confirmer que la pilule suscitait chez elles des saignements, des prises de poids, une baisse de leur libido, voire de la dépression ou des caillots sanguins. Le point commun de toutes ces femmes : elles utilisaient une pilule contraceptive qui ne leur correspondait pas. Une internaute s’interroge d’ailleurs : "comment se fait-il que ce moyen de contraception plutôt qu’un autre soit quasiment automatiquement proposé aux jeunes filles qui consultent un gynécologue pour la première fois" ? 

Une prise de conscience collective. "Prise de poids, changements d'humeur, dépression, apathie, nausée constante, maux d'estomac, tension élevée, maux de tête..." témoigne ainsi Jessica. Grâce à ce hashtag, de nombreuses internautes ont découvert qu'elles n'étaient pas les seules à faire face à ces difficultés et que la contraception affecte les femmes de manière très variée. A l'instar des récentes prises de conscience collectives sur les règles douloureuses, l'endométriose ou sur les tampons hygiéniques, ce déferlement de témoignages numérique brise le tabou du "tout-pilule". D'autres solutions comme le stérilet, l'implant ou la contraception masculine existent. "Nous ne disons pas que la pilule est horrible", explique la lanceuse du hashtag au site The Debrief. "C'est un développement extraordinaire, qui a libéré la génération de ma mère, mais qui n'est pas le bon choix pour tout le monde".