Mort d'une fillette après un an de calvaire, la famille accuse l'hôpital

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(Photo d'illustration.) © PASCAL PAVANI / AFP
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avec AFP
La petite fille, qui avait avalé une pile il y a un an, est morte le 15 juillet. En cause, selon les parents : le mauvais diagnostic de la part de l'hôpital.  

Une petite fille de 2 ans et demi, qui avait avalé une pile-bouton il y a un an, est décédée le 15 juillet, quatre jours après sa sortie d'un hôpital de Bron, dans la Métropole de Lyon. Les parents accusent l'établissement hospitalier de négligence. 

La pile pas repérée tout de suite par un médecin. Le 11 juillet 2016, Faustine est victime de difficultés respiratoires. Ses parents, inquiets, l'emmènent aux urgences, raconte sa maman Laetitia Aberkane, confirmant une information du quotidien Le Dauphiné Libéré"On a été à l'hôpital Femme-Mère-Enfant de Bron, où on lui a fait subir une radio", ajoute-t-elle. "Le médecin nous a dit qu'elle avait une bronchite, que des séances de kiné suffiraient." Les parents ramènent donc leur fille chez eux, à Pont-de-Cheruy, dans l'Isère, à une trentaine de kilomètres de Lyon. Mais le 13, elle est à nouveau victime de détresse respiratoire.

Retour à l'hôpital où une interne reprend le dossier médical et demande "si Faustine n'a pas avalé quelque chose". "Je lui ai répondu que non, qu'elle avait une bronchite comme on nous avait dit, qu'elle devait se tromper de dossier", rapporte la maman. Finalement, l'interne vérifie, effectue une nouvelle radio, et annonce aux parents que Faustine doit être opérée d'urgence : elle a avalé une pile bouton au lithium, dont le contenu a causé des dommages irréversibles à l’œsophage.

Un an d'hospitalisation. La suite, c'est un an d'hospitalisation quasiment ininterrompue, un nombre incalculable d'interventions sous anesthésie générale. Jusqu'à "cinq en dix jours" en janvier. Pour les parents, le mauvais diagnostic du 11 juillet 2016 est en partie responsable du calvaire de Faustine. Sur la radio, la pile au lithium est pourtant bien visible, comme en témoigne une photo publiée par Le Dauphiné Libéré.

"Le médecin nous a dit qu'il avait cru que c'était son médaillon" sur la radio, s'indigne Mme Aberkane. "Après, que l'erreur était due à l'engorgement des urgences." Les parents décident alors d'entamer une procédure judiciaire à l'amiable devant le tribunal administratif. Mais, dans la nuit du 14 au 15 juillet, Faustine décède brutalement, quatre jours après sa sortie de l'hôpital. "Vers minuit, elle s'est mise à cracher du sang. En dix secondes, elle est morte dans mes bras", raconte sa maman.

"Un retard de diagnostic de 48 heures." Selon le Pr Olivier Claris, président du comité médical d'établissement des Hospices civils de Lyon (HCL), dont dépend l'hôpital en cause, pour "le décès de l'enfant, pour l'instant, ce n'est pas clair. Ce qui est indiscutable, c'est qu'il y a eu un retard de diagnostic de 48 heures" en juillet 2016. "Le tri a été fait correctement aux urgences. Une radiographie a été effectuée et une image très particulière n'a pas été prise en compte. Il n'y a pas d'explication", reconnaît le médecin, également chef du service néonatalogie à l'hôpital Femme-Mère-Enfant.

"Ce qui s'est passé est un drame (...). Il n'y a maintenant que la justice qui pourra tirer des conclusions. L'autopsie pratiquée va répondre aux causes du décès", ajoute le Pr Claris. L'avocate de la famille, Me Sandra Garcia, explique pour sa part qu'"avec le décès de Faustine, on réfléchit à l'opportunité de passer à une procédure pénale. On attend les conclusions de l'autopsie et on verra ce qu'on va faire".