Mort d'Hadja Benyoucef : 30 ans après, le parquet reconnaît une "faute incontestable"

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avec AFP , modifié à
Le 30 novembre 1987, cette jeune femme de 26 ans avait été découverte morte dans son appartement par son fils de sept ans.

Le procureur de Toulouse a reconnu jeudi, 30 ans après les faits, "une faute incontestable" dans le traitement judiciaire de la mort suspecte d'Hadja Benyoucef, devant ses proches qui demandent la condamnation de l'Etat dans cette affaire. La décision a été mise en délibéré au 11 janvier.

Une première enquête avait conclu au suicide. Le 30 novembre 1987, cette jeune femme de 26 ans était découverte morte dans son appartement par son fils de sept ans. Elle avait une couche-culotte pliée dans la bouche, une corde à rideaux nouée autour du cou et un couteau dans la carotide. Comme l'a rappelé jeudi le président de cette audience civile, une première enquête avait rapidement conclu au suicide. Puis, l'enquête avait été relancée une première fois en 1994, avec la mise en cause d'un ami d'Hadja, puis une seconde fois sur la piste du tueur en série, Patrice Alègre.

Mais une erreur de procédure a entraîné une annulation de l'instruction, rendant toute nouvelle investigation impossible en raison de la prescription des faits, a indiqué le magistrat. "Ce que demande cette famille, c'est que notre justice reconnaisse qu'il y a quelque chose qui n'a pas fonctionné", a plaidé Me Kamel Benamghar, l'avocat des proches de la victime. Soulignant que ses clients ne pourraient plus aller "sur le terrain pénal" et connaître la vérité sur la mort d'Hadja, il a demandé que la faute "lourde de l'Etat" soit reconnue et la famille indemnisée.

Pas de "faute lourde". "Les débats ont certainement un caractère inhumain", a indiqué le procureur adjoint de Toulouse, Jean-Michel Peltier, intervenant de façon exceptionnelle dans une telle procédure civile, spécialement pour s'adresser à la famille. Le représentant du parquet a cependant estimé que "la faute incontestable (dans la conduite de cette enquête) ne revêt pas de caractère de 'faute lourde'" indispensable pour faire condamner l'Etat. Il s'est ainsi conformé à l'avis du représentant de l'Etat. 

"Ça fait 30 ans qu'il y a un déni de justice, nous avons droit à une autre vie," a lancé Senoussia Benyoucef-Clément, une soeur aînée de la victime, à qui le président avait donné la parole.