Mort de Maëlyne : jugés pour avoir empoisonné leur fille de 13 mois

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Anaïs Huet , modifié à
Des traces d'antidépresseurs retrouvées dans son sang et sur les tétines de ses biberons… En 2015, Maëlyne, 13 mois, succombait à un empoisonnement. Ses parents sont jugés à partir de lundi devant les assises de la Sarthe.

Longtemps, les parents ont assuré aux enquêteurs que leur petite fille avait absorbé le contenu d'un verre de rosé, oublié sur une table pendant un apéritif entre amis. Mais à 13 mois, Maëlyne ne marchait pas et ne buvait pas seule. Une première incohérence, appuyée par le résultat des analyses sanguines réalisées sur le bébé, peu de temps après sa mort, qui révélaient des traces de médicaments en dose toxique, prescrits normalement contre la dépression chez l'adulte.

Le couple, originaire Champagné, dans la Sarthe, comparait à partir de lundi devant les assises du Mans pour administration de substances nuisibles ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ils encourent une peine de 20 ans de réclusion.

Dans le coma dès son arrivée aux urgences. Dans la nuit du 27 au 28 février 2015, Maëlyne est admise aux urgences du Mans. Dans le coma à son arrivée, la petite fille meurt à 2h30. L'attitude des parents, "étonnamment pleins de sang froid" selon des soignants interrogés par Le Parisien, alerte le personnel. Un mois plus tard, Delphine Niepceron, 27 ans, et Cyrille Le Got, 43 ans, sont interpellés et mis en examen du chef d'accusation d'empoisonnement d'un mineur de 15 ans, puis placés en détention. L'instruction n'a pas établi la volonté de tuer.

L'aînée du couple victime elle aussi. Le couple est également poursuivi pour administration de substances nuisibles sans incapacité. En effet, l'autre fillette de couple, âgée de trois ans au moment de la mort de sa petite sœur, aurait également subi le même traitement de la part de parents dépassés et en grande précarité, entre décembre 2014 et février 2015. Les médicaments auraient été directement placés dans le biberon des deux fillettes pour faciliter leur sommeil, des traces d'anxiolytiques ayant été retrouvées sur des tétines, cachées dans l'appartement.

Un couple en péril. Le drame de la mort de Maëlyne prend racine dans ce couple à la dérive, qui croule sous les dettes, accumule les problèmes de santé et multiplie les infidélités. Leur dossier passe même entre les mains des services sociaux. Le père souffre d'un cancer à l’œil. En arrêt maladie depuis quatre ans, il tourne en rond et s'enfonce dans la dépression. De cette situation épuisante va naître son addiction à l'alcool et aux médicaments. Parallèlement, le couple vivote. Au moment de la mort de Maëlyne, les deux parents sont même en pleine rupture, note Le Parisien lundi. L'un et l'autre fréquentent d'autres personnes, des amants… La mère se plaint de violences conjugales. Elle raconte aussi que le père ne supportait plus les pleurs de ses enfants, et qu'il incitait à leur donner des médicaments pour les calmer.

La mère "ne reconnaît pas son implication dans les faits", précise son avocate, Me Hélène Braud. Le père, lui, "clame son innocence depuis le premier jour de cette affaire", souligne son défenseur, Me Jonathan Proust. Me Philippe Sadeler, qui défend les intérêts de la petite survivante, souhaite que "ce procès fasse éclater la vérité".