Moines de Tibéhirine assassinés : l'armée algérienne impliquée ?

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Un général français, entendu le mois dernier par la justice, affirme que l'armée algérienne est impliquée dans la mort des moines français de Tibéhirine tués en 1996.

L'armée algérienne impliquée dans la mort des moines français de Tibéhirine tués en 1996 ? C'est ce qu'affirme un général français à la retraite, François Buchwalter. Le militaire a déclaré le 25 juin dernier au juge d'instruction Marc Trévidic que les sept religieux pourraient avoir été tués par erreur lors d'un raid aérien de l'armée algérienne sur un bivouac, selon des sources judiciaires qui ont confirmé une information révélée par Le Figaro, Mediapart, et L'Express.

Attaché de défense en Algérie entre 1995 et 1998, François Buchwalter dit avoir obtenu ces informations, à l'époque, d'un gradé algérien. Il assure avoir rendu compte par écrit du mitraillage des moines au ministère de la Défense. "Il n'y a pas eu de suites, ils ont observé le black-out demandé par l'ambassadeur", lâche-t-il.

Didier François décrypte, pour Europe 1, les déclarations du général Buchwalter :

 

 

Interrogé sur ces nouveaux éléments, Nicolas Sarkozy a souhaité, lundi en début d'après-midi, que la justice "aille jusqu'au bout de son travail" dans cette enquête. "Il y a un juge d'instruction qui est en charge de ce dossier, la justice est saisie. On verra à l'issue de cette instruction ce qu'il en sera", a affirmé le président de la République. Deux députés du Nouveau centre ont demandé lundi la création d'une commission d'enquête parlementaire.

L'avocat des parties civiles, Patrick Baudoin, a demandé lundi matin sur Europe 1 la "levée du secret défense" dans cette affaire :

La thèse de la bavure est "beaucoup plus crédible", selon le père Armand Veilleux, ancien supérieur des sept moines assassinés, que thèse officielle de l'armée algérienne, qu'il estime "cousue de fil blanc du début à la fin". Dans sa déposition, recueillie par le juge Marc Trévidic, il a déclaré que, lorsqu'il est venu à Alger après la mort des moines, il avait dû insister auprès de l'ambassade de France pour faire ouvrir leurs cercueils. Il s'était alors rendu compte qu'il n'en restait que les têtes. Interrogé, lundi, pour savoir s'il voyait dans cette décapitation une manipulation des corps post mortem, le père Armand Veilleux a répondu : "Exactement".

Selon la version officielle de l'armée algérienne, des membres du Groupe islamique armé auraient enlevé les religieux trappistes et proposé de les les échanger contre des militants du GIA détenus. Puis l'organisation djihadiste les aurait décapités en accusant le gouvernement français d'avoir "trahi" les négociations.

Par ailleurs, le général Buchwalter a affirmé au juge Trévidic qu'il soupçonnait le pouvoir algérien dans l'assassinat, le 1er août 1996, de l'évêque d'Oran Mgr Pierre Claverie (officiellement attribué au GIA), selon une autre partie de sa déposition publiée par l'Express.fr. "Les autorités n'appréciaient pas sa liberté de ton, tant à l'égard des islamistes que du pouvoir algérien", a-t-il affirmé. Ce crime faisait suite à un déplacement du ministre français des Affaires étrangères Hervé de Charrette à Tibéhirine, qu'Alger n'avait pas apprécié.