Modern Express : démanteler un cargo, une opération délicate

© Handout / MARINE NATIONALE / AFP
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Marguerite Lefebvre avec M.B.
ÉCHOUAGE - La côté basque a déjà dû mener un chantier périlleux en 2014 après l'échouage d'un navire espagnol.

Dernière chance de remorquage pour le Modern Express. Ce cargo roulier, qui dérive depuis une semaine sans équipage dans le golfe de Gascogne, doit être secouru lundi matin. Les opérations, d'abord prévues vendredi, puis samedi et enfin dimanche, ont dû être repoussées en raison de mauvaises conditions météo. La probabilité d'un échouage sur les côtes landaises d'ici à mardi soir grandit donc. Dans ce cas, le préfet maritime de l'Atlantique a indiqué qu'il faudrait procéder au démantèlement sur place du navire. 

Un démantèlement en février 2014. Une opération complexe, qui peut prendre des mois. Les Basques sont bien placés pour le savoir : en février 2014, un cargo espagnol, le Luno, s'était échoué à Anglet. Il avait fallu près de six mois pour le démanteler. Six mois d'un chantier titanesque, pendant lesquels la plage des Cavaliers, à Anglet, s'était transformée en usine à ciel ouvert. 

Des grues sur le sable. Une grue et des dizaines de machines pour démanteler l'épave du cargo encore encastrée dans la digue avaient pris la place des parasols et des serviettes de bain. Il avait d'abord fallu pomper minutieusement les 70 tonnes de fioul que contenaient les cuves du Luno, pour ensuite découper la coque longue de 100 mètres à coup de lances thermiques.

Un travail "long et précis". Le tout dans des conditions météo parfois difficiles, ce qui explique la durée du chantier. "C'est un travail extrêmement long et précis", se souvient Jean Espilondo, maire d'Anglet à l'époque." Il faut être vigilant. Le début est difficile, délicat. Le navire était brisé en trois parties, certaines étaient sous le sable. Il s'est échoué dans un endroit pratiqué par des surfeurs, des gens qui vont à la place. C'est un sacré tournant pour les élus dont le souci est de protéger la population."

Le risque de pollution. Mais avec le Luno, le pire avait été évité : aucune pollution massive, car les cuves du cargo ne s'étaient pas brisées. C'est toujours la crainte des habitants de la côte deux ans plus tard. Si le Modern Express doit s'échouer et que sa vitesse de dérivation est trop importante, le choc pourrait libérer une partie des 300 tonnes de gasoil contenues dans le navire.

"Trois cents tonnes, c'est 0,5% de la quantité d'hydrocarbures que pouvait contenir le Prestige", naufragé en 2002 au large de la Galice, a rassuré Louis-Xavier Rénaut, porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique, au micro d'Europe 1 dimanche. "Ce n'est pas du tout le même impact sur l'environnement." En cas de fuite, un cordon sanitaire devrait être mis en place pour éviter de polluer l'océan. Et le plan Polmar, institué depuis 1978 pour éviter les catastrophes naturelles, sera déclenché.