Mille euros d'amende pour un fumigène : première condamnation d'un manifestant du 1er-Mai

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avec AFP , modifié à
Un homme âgé de 24 ans a été condamné à 1.000 euros d'amende pour un fumigène vert dans la poche, lors de la manifestation du 1er-Mai à Paris. 

Mille euros d'amende pour un fumigène vert dans la poche: le tribunal correctionnel de Paris a prononcé vendredi sa première condamnation liée aux violences lors de la manifestation du 1er-Mai dans la capitale.

Tim R., 24 ans, sweat-shirt vert canard et yeux cernés, a choisi d'être jugé "tout de suite", contrairement à la plupart des prévenus qui demandent un report pour préparer leur défense. Il a été interpellé à 18h place de la Bastille et peine encore à "comprendre pourquoi": il explique être "cadreur", ex-graffeur et photographe à ses heures et être venu "comme l'année dernière" au défilé du 1er-Mai "pour faire des photos", pour une exposition ou pour nourrir son "book". "Quand j'ai vu que la manif s'envenimait, je suis revenu vers la Bastille, pour attendre ma petite amie et rentrer", raconte-t-il.

Un fumigène et deux bombes de peinture dans les poches. Le procès-verbal de garde à vue indique qu'il a été "repéré au milieu d'un groupe de black blocs", ces militants d'ultragauche accusés d'être à l'origine de violences à l'encontre des forces de l'ordre et de nombreuses dégradations allant de vitrines brisées aux saccages et incendies. Quand les policiers fondent sur Tim, il a "peur". Il accepte de se coucher par terre quand des agents en civil le lui intiment. Il a un fumigène et deux bombes de peinture dans les poches.

Le fumigène ? C'est "une erreur". Au tribunal, il explique qu'il a ramassé les bombes pendant la manif, en souvenir du temps où il taguait. D'ailleurs, il a un casier pour ça: trois amendes pour des graffitis sur les murs de Paris. Le fumigène? C'est "une erreur": il assure l'avoir rapporté du tournage d'un clip en Espagne, s'être dit que "ça pourrait faire de chouettes photos", mais ne pas avoir osé l'utiliser. La procureure lui réplique que c'est interdit, que nul n'est censé ignorer la loi, et réclame quatre mois ferme contre lui et un mandat de dépôt à l'audience, "au vu de ce qui se prépare": allusion sans doute aux futures manifestations contre la politique gouvernementale.

Il dénonce le "traitement exceptionnel" réservé aux manifestants. L'avocat du jeune homme dénonce le "traitement exceptionnel" réservé aux manifestants interpellés, parmi lesquels on ne trouve "aucun black bloc" mais une "foule de badauds", moins entraînés à échapper à la police. Il souligne qu'il n'a "pas été démontré une seule seconde" que son client ait eu la volonté de commettre des dégradations. Tim R. sera relaxé des faits de "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations". Trois autres jeunes gens ont vu leur procès reporté à la fin du mois. Au total, ils seront une dizaine à comparaître ce vendredi.