Migrants : après des semaines d'atermoiements, l'Etat s'investit à Grande-Synthe

© DENIS CHARLET / AFP
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G.S. , modifié à
Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse se rendent dans le nouveau camp lundi, pour officialiser la reprise en main de l'Etat.

L'avenir du nouveau camp de migrants de Grande-Synthe, dans la banlieue de Dunkerque, est-il assuré ? Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, et Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, s'y rendent lundi pour officialiser la reprise de la gestion du camp dit "de la Linière" par l'Etat. Ce camp, le premier de la région respectant les normes de salubrité internationales, accueille 1.300 migrants venus de Syrie et d'Irak, notamment des Kurdes.

Constitué de petits bungalows en bois, ce nouveau camp a ouvert en mars dernier, à l'initiative de Médecin sans frontière et de la mairie (écologiste). Que va changer cette reprise en main de l'Etat, longtemps frileux vis-à-vis de son ouverture ?

4 millions de dépenses par an. "C'est une très bonne nouvelle. Cette reprise en main est l’occasion de mettre en œuvre une autre politique, à condition que les efforts déjà faits soient perpétués", salue André Jincq, responsable du programme "migrants" chez MSF, cité par Le Monde. Les associations attendent notamment de l'Etat une prise en charge financière. Nettoyage des sanitaires, gardiennage, sécurité, médiation culturelle… MSF chiffre à 4 millions d'euros par an les dépenses de fonctionnement nécessaires. En avril dernier, Bernard Cazeneuve s'était engagé à ce que l'Etat remplisse ce rôle. La visite de lundi marque l'officialisation de cet engagement, qui était loin d'être acquis.

"Les services de l'Etat avaient boudé les lieux". En mars dernier, en effet, le ministre avait déclaré à l'Assemblée que ce camp "n'était pas la solution" pour accueillir les migrants qui vivaient dans un autre camp de Grande-Synthe, dans des conditions particulièrement insalubre. Pendant de longues semaines, la préfecture du Nord était également restée sourde aux demandes d'aides de la mairie et des associations. En outre, "durant le premier mois d’ouverture, les services de l’Etat ont boudé le lieu, et les migrants n’ont vu aucun agent de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) pour leur proposer l’asile en France, alors même que l’Office se démène à Calais", raconte Le Monde lundi.

Et maintenant ? Le gouvernement semble s'être finalement décidé à pérenniser ce nouveau camp et à offrir le meilleur accueil possible à ses habitants, où en tout cas le moins pire. Cité par le quotidien du soir, un bénévole fait néanmoins part de ses doutes, en guise de conclusion : "reste à savoir si l’Etat ne démontera pas les bungalows à chaque départ de famille, pour vicieusement fermer le lieu".