Michel Fourniret devant les assises de Versailles : "C'est peut-être l'un des derniers moments pour le faire parler"

Michel Fourniret lors de son procès en 2008
Michel Fourniret lors de son procès en 2008. © BENOIT PEYRUCQ / AFP
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Chloé Triomphe, édité par Romain David , modifié à
Alors que le tueur en série comparaît mardi avec sa femme pour le meurtre, en 1988, de Farida Hammiche, les avocats de parties civiles attendent des aveux sur d'autres affaires non élucidées.

Cela fait plus de dix ans que le couple diabolique formé par Michel Fourniret et Monique Olivier ne s'est pas retrouvé devant la justice, depuis la condamnation du tueur en série à la perpétuité, en 2008, pour sept meurtres de jeunes filles dans les Ardennes. Ils comparaissent mardi devant les assises à Versailles pour un autre crime, tout aussi ancien que les précédents, mais que la justice n'avait pas élucidé, et qui leur a permis de faire main basse sur le magot d'un fameux gang de braqueurs des années 1980, le "gang des postiches".

Un magot dans un cimetière. Il s'agit du seul crime atypique de Michel Fourniret, bien loin du profil des jeunes vierges devenues ces victimes pendant toutes les années de son parcours criminel. Ce meurtre-là, a uniquement été guidé par l'appât du gain. Farida Hammiche, la femme de son ex-codétenu, est celle qui a conduit en 1988 le tueur sur les traces des 20 kilos d'or en lingots, cachés dans une caisse à outils dans un cimetière du Val-d'Oise, par le gang des postiches. Sauf qu'une fois le magot déterré, Michel Fourniret a décidé de s'accaparer tout le butin et de tuer la jeune femme, devenue un témoin gênant.

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D'autres affaires non élucidées. Avec l'argent, il a pu s'acheter le château du Sautou à Donchery, où plusieurs de ses futures victimes seront enterrées. C'est donc un curieux télescopage de l'histoire criminelle que la justice va faire resurgir à partir de mardi. Pour les proches de Farida Hammiche, l'espoir est de savoir enfin ou le tueur a dissimulé le corps. Mais les avocats de parties civiles tablent aussi sur l'une des dernières occasions d'approcher Michel Fourniret, 76 ans, pour faire la lumière sur de possibles autres crimes encore non élucidés.

Un crime fondateur. "Evidemment, pour nous, le sujet du procès, ce sont les autres affaires, comme Estelle Mouzin pour laquelle la piste n'est pas fermées", relève auprès d'Europe 1 Didier Seban, avocat de parties civiles, dont les victimes du procès de 2008 et le père d'Estelle Mouzin. "On a toujours dit que Michel Fourniret avait eu dix ans de silence criminel, et qu'il y a certainement une série de crimes qui sont passés à travers les radars. C'est peut-être l'un des derniers moments pour le faire parler", pointe-t-il. Mais il faudra aussi compter sur d'éventuels aveux spontanés de Michel Fourniret. "Malheureusement, on n'a pas prévu de juger les tueurs en série en France. On n'a pas prévu de parler des autres affaires, comme si le meurtre de Farida Hammiche n'était pas le meurtre fondateur, celui qui va lui donner les moyens de son parcours criminel pendant toutes les années qui ont suivies", déplore Didier Seban.