Michel Chevalet : "tout le monde n'est pas capable de conduire"

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Pour Michel Chevalet, "tout le monde n'est pas capable de conduire". © Europe 1
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Anaïs Huet
Quinze ans après le terrible accident de la route de son fils, le journaliste Michel Chevalet, invité d'Europe 1 mercredi, tire à nouveau la sonnette d'alarme sur la sécurité routière.
INTERVIEW

"Il a été victime de la bêtise humaine". Il y a quinze ans, Fabrice, le fils du journaliste scientifique Michel Chevalet, est devenu aveugle et hémiplégique à la suite d'un grave accident de la route.

Un terrible récit. "Il rentrait du travail, il était dans sa petite camionnette. Il suivait un camion sur l’autoroute A4, qui était en travaux. Bien balisée, signalée 'ralentissement'", raconte le journaliste, invité d'Europe 1 mercredi matin. "Mais le camion derrière le collait à 5 mètres. Au moment du ralentissement, il n’a pas freiné parce que le conducteur dormait au volant. Il a tapé sa voiture, l’a poussée sous le camion devant lui. Les deux camions se sont encastrés. Fabrice est resté deux heures dessous. Il a survécu… mais dans quel état". Aujourd'hui, la vie de Fabrice est "foutue", confie Michel Chevalet. "Il me disait encore ce week-end : 'ça fait quinze ans que je suis dans le noir, quinze ans que je n’ai pas vu mon petit garçon' (qui avait 1 an au moment du drame, ndlr). C’est dur", témoigne son père.

 

Comprendre que la voiture peut tuer. Si Michel Chevalet, qui a écrit un livre sur le sujet il y a plusieurs années, revient tirer la sonnette d’alarme aujourd’hui, c’est parce qu’il constate que les comportements des automobilistes sont toujours irresponsables sur la route. Le nombre de morts sur les routes françaises a bondi de 30,4% en septembre avec 335 personnes tuées, soit 78 de plus qu'en septembre 2015, a annoncé vendredi l'Office national interministériel de la sécurité routière. "Il faut que les gens comprennent une fois pour toutes qu'ils ont entre les mains un instrument qui est capable de tuer ou de faire de très graves victimes", martèle le journaliste scientifique. Pour lui, si la formation des futurs conducteurs tend à s'améliorer, il reste des efforts importants à faire. "Conduire est un acte complexe. Il faut prendre des décisions en une seconde pour des situations nouvelles, pour lesquelles on n’a pas été entraînés", affirme Michel Chevalet sur Europe 1. "Tout le monde n’est pas capable de conduire, c’est terrible à dire". 

Un "laxisme" généralisé. Pour Michel Chevalet, si les chiffres de la sécurité routière sont si mauvais, c'est en partie lié au "laxisme des contrôles routiers". Le journaliste prône la généralisation de "voitures banalisées, comme aux Etats-Unis", tout en anticipant la réaction des Français en cas de durcissement des sanctions pour les automobilistes. "Les Français ont un double langage. Ils veulent des mesures pour renforcer la sécurité routière mais quand on les met en application, ils disent 'halte à la répression policière'", déplore Michel Chevalet. Il dénonce par ailleurs le "laxisme des juges". "Quand vous avez un accident très grave et que vous tuez quelqu’un, vous n’allez pas en correctionnelle parce que dans le droit français, on considère que vous n’avez pas eu la volonté de tuer", souligne-t-il. "Mais le type qui a écrasé mon fils, qui a foutu sa vie en l’air, il a eu trois mois de sursis, il a eu 6.000 euros d’amende C’est honteux !"