Meurtre d'une joggeuse près de Toulouse : le suspect renvoyé aux assises, contre l'avis du parquet général

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le suspect dans l'affaire du meurtre de la joggeuse de Bouloc en 2011, près de Toulouse, est renvoyé aux assises, contre l'avis du parquet général, la chambre d'instruction ayant estimé que les charges étaient suffisantes.

La chambre d'instruction de la cour d'appel de Toulouse a renvoyé devant les assises le suspect du meurtre d'une joggeuse, tuée il y a sept ans à Bouloc près de Toulouse, indique jeudi Me Léna Baro, avocat des parties civiles. Le parquet général avait requis un non-lieu en faveur de Laurent Dejean, le seul suspect incarcéré depuis quatre ans.

"Le coupable idéal". Tout juste sept ans après les faits, la chambre d'instruction de la cour d'appel de Toulouse "dit qu'il y a des charges suffisantes contre Laurent Dejean", un plaquiste incarcéré depuis quatre ans, selon la décision de justice lue par l'avocat du suspect Me Guy Debuisson. "C'est clair, c'est net, c'est précis", a déclaré l'avocat en son cabinet, "dans ce dossier, il fallait un coupable, il a été incarcéré longtemps après les faits ; par sa personnalité, Laurent Dejean est le coupable idéal", a-t-il ajouté. Laurent Dejean, présenté comme "psychotique" pendant l'enquête, est en prison depuis février 2014 pour le meurtre, trois ans plus tôt, de Patricia Bouchon, mère de famille de 49 ans.

Cette secrétaire dans un cabinet d'avocats toulousains était partie le 14 février 2011 vers 4h30 du matin faire son jogging autour de Bouloc, à 25 km au nord de Toulouse. Son corps avait été retrouvé un mois et demi après, vertèbres et crâne enfoncés, un gant en latex enfoncé dans la gorge. Son meurtrier avait aussi essayé de l'étrangler mais aucun abus sexuel n'avait pu être mis en évidence. Laurent Dejean, qui avait déjà subi des hospitalisations d'office et des "traitements très lourds", avait été gardé à vue à deux reprises avant d'être finalement interpellé le 9 février 2014 puis mis en examen pour "homicide volontaire" et écroué.

Des éléments discordants. Cependant, mi-janvier, l'avocat général de la chambre de l'instruction a estimé dans son réquisitoire qu'il n'y avait pas, dans le dossier de 50.000 pages, les éléments nécessaires pour un renvoi devant la cour d'assises, avait alors dit Me Guy Debuisson. Le parquet général, qui s'était pourtant toujours opposé à la remise en liberté de Laurent Dejean, est ainsi allé à l'encontre du juge d'instruction qui avait renvoyé le suspect aux Assises. Selon la défense, l'enquête n'a notamment pas permis de rattacher le suspect au crime, l'ADN retrouvé sur la victime n'étant pas le sien et la voiture aperçue sur les lieux étant une Clio grise alors que la sienne était blanche, a fait valoir l'avocat.

"L'un dit blanc, l'autre dit noir". "La justice est extraordinaire: après une analyse méthodique, l'avocat général estime qu'il n'y a pas assez d'éléments à charge pour renvoyer Laurent Dejean devant la cour d'assises, et la chambre d'instruction dit le contraire, l'un dit blanc, l'autre dit noir", a commenté jeudi Me Debuisson, après la décision de la chambre d'instruction. L'avocate des parties civiles, Me Léna Baro, qui a confirmé la décision, devait s'exprimer en fin de matinée au côté de la fille de la victime, Carlyne Bouchon. Celle-ci avait considéré le réquisitoire du parquet général comme un "coup de massue". "Il est difficile d'imaginer que tout va s'arrêter", avait-elle dit à l'AFP, jugeant alors un non-lieu "inimaginable".