Mercosur, rémunération… Les dossiers au menu du déjeuner des agriculteurs à l'Elysée

© PATRICK HERTZOG / AFP
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François Geffrier, avec A.H. , modifié à
Un millier de jeunes agriculteurs, fraîchement installés, sont reçus à l'Elysée jeudi midi. Ils entendent faire part de leurs inquiétudes sur plusieurs gros dossiers à Emmanuel Macron.

Leur cahier de doléances est long comme le bras, et ils comptent bien se faire entendre. Jeudi midi, un millier de jeunes agriculteurs de moins de 35 ans et installés l'an dernier vont être reçus à l'Elysée par Emmanuel Macron, à l'occasion d'une "réception de la nouvelle génération agricole". Cette rencontre intervient deux jours avant la visite du chef de l'Etat au Salon de l'Agriculture. L'an dernier, Macron candidat avait reçu un oeuf sur la tête. Alors les discussions de jeudi midi devraient ainsi donner le ton, dans un contexte où les dossiers chauds ne manquent pas.

La rémunération des agriculteurs

Le sujet brûlant du moment implique d'ailleurs personnellement Emmanuel Macron. Il concerne la trop faible rémunération des agriculteurs. Lors des Etats généraux de l'alimentation notamment, le président a fait la leçon aux géants de la distribution - Leclerc, Intermarché, ou Carrefour - afin qu'ils cessent d'asphyxier les producteurs dans les négociations sur les prix. Ces négociations se terminent dans six jours, et pour l'instant… de réelles garanties se font toujours attendre.

L'accord de libre-échange UE-Mercosur

Autre gros point de crispation : le futur accord entre l'Europe et les quatre pays d'Amérique du Sud formant le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). Les éleveurs français craignent l'importation chaque année en Europe de 70.000 tonnes de viande bovine sud-américaine, sans droit de douane. Une viande moins chère, et qui ne serait surtout pas soumise aux mêmes normes de qualité que la viande française. "Je voudrais lui demander comment il voit l'avenir, par rapport à ces importations de viande. Comment on va gérer ça ? Ce sera sûrement moins cher, alors comment on va réussir à vendre nos produits ? Et qu'est-ce qu'on fera de nos produits si toutefois on n'arrive pas à les vendre ? Alors qu'on n'arrive déjà pas à avoir notre rémunération. Le matin, on se lève en se demandant si on va être capables de nourrir notre famille", dénonce Romaric, éleveur des Deux-Sèvres, qui se rendra à l'Elysée à midi. 

Quid des zones défavorisées

Emmanuel Macron va aussi devoir répondre sur la question des zones défavorisées, qui touchent l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) hors montagne, une aide qui permet de compléter les revenus des agriculteurs dont l'exploitation se situe dans une zone où les conditions naturelles sont difficiles. Mardi, le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a annoncé que la carte de ces zones agricoles défavorisées serait réformée, avec moins de communes aidées désormais. "Si on arrête ça, on arrête l'élevage. Aujourd'hui, on nous poignarde dans le dos", avance Romaric.

Plus largement, les agriculteurs devraient exprimer leurs inquiétudes quant à l'avenir de la PAC, la politique agricole commune. La question du plan loup devrait également être abordée.