Mercosur : les agriculteurs attendent d'Emmanuel Macron "des garanties"

  • Copié
A.H. , modifié à
Des discussions sont en cours entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) en vue d'un traité de libre-échange, que redoutent les agriculteurs.
INTERVIEW

Au lendemain d'un mouvement de manifestation dans 90 départements, les agriculteurs veulent maintenir la pression. Mille d'entre eux sont reçus jeudi par Emmanuel Macron à l'Elysée. Au cœur de leurs préoccupations : les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay).

"Une catastrophe pour nos agriculteurs". Cet accord, s'il était signé, concernerait "entre autres, la viande bovine, la volaille, le sucre et l'éthanol", précise Samuel Vandaele, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs (JA), jeudi dans la matinale d'Europe 1. "On va importer des produits du Brésil, de l'Argentine, en Europe. Des produits qui ne respectent en rien les règles européennes. C'est une catastrophe pour nos agriculteurs", dénonce le céréalier de Seine-et-Marne. Les éleveurs français craignent notamment l'importation chaque année en Europe de 70.000 tonnes de viande bovine sud-américaine, sans droit de douane.

"Pas les mêmes règles sanitaires et environnementales". Alors que la France est de plus en plus alerte sur les problématiques de qualité des produits et sécurité sanitaire, la signature de cet accord de libre-échange serait la preuve d'une "incohérence" dans le discours du président de la République, estime le secrétaire général des JA. "Il s'agit aussi du modèle d'exploitation que l'on veut. En France, on veut des fermes de type familial. On ne veut pas de firmes, de grosses usines. On n'a pas du tout les mêmes règles sanitaires, environnementales ou de bien-être animal", poursuit-il. 

"On veut des explications". Pour l'heure, la France - par la voix du ministre de l'Agriculture notamment - a fait savoir que les conditions n'étaient pas remplies pour la signature de l'accord. "Le compte n'y est pas", a prévenu Stéphane Travert. Si Samuel Vandaele a entendu le message, il refuse de se contenter de belles paroles. "On veut connaître réellement la position de la France sur cet accord. (…) On va demander des garanties. On veut des explications", insiste-t-il. Et d'ajouter : "Ces dernières années, on a eu beaucoup de promesses, beaucoup d'engagements, et les agriculteurs n'y croient plus. On veut des actes". 

Un tour de chauffe avant le Salon de l'Agriculture. Alors que le président de la République doit se rendre samedi au Salon de l'Agriculture, cette rencontre avec les agriculteurs jeudi servira de tour de chauffe… pour tout le monde. L'an dernier, Emmanuel Macron avait reçu un œuf sur la tête. Cette année, si les discussions avec les agriculteurs n'aboutissent pas, on entend déjà que le chef de l'Etat pourrait être accueilli à la porte de Versailles par des huées. Pour Samuel Vandaele, ce que dira Emmanuel Macron jeudi midi "risque de donner le ton. Aujourd'hui, il doit nous dire que la France fait tout pour ne pas signer les accords du Mercosur en l'état".