Mazarine Pingeot, invitée du Club de la Presse. 1:24
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T.M. , modifié à
L'essayiste Mazarine Pingeot, auteur de "La dictature de la transparence", s'est inquiété sur Europe 1 de la disparition des frontières entre vie privée et vie publique.
INTERVIEW

Dès les premières lignes de son essai, La dictature de la transparence, Mazarine Pingeot précise qu'elle connaît bien le sujet. Et pour cause : la fille secrète de François Mitterrand a "connu l'ombre puis une visibilité un peu excessive", explique-t-elle dans le Club de la Presse.

"La visibilité comme nouvelle forme d'invisibilité". "C'est ce qui m'intéresse dans l'ouvrage, de questionner ce qu'est la visibilité comme nouvelle forme d'invisibilité, comment l'image finit par masquer, plus que l'absence d'image", détaille la professeur de philosophie à l'Université Paris VIII, qui raconte par ailleurs que son "père n'a pas organisé les photos (de Paris Match, qui révélaient son existence en couverture, ndlr) mais le jour où elles sont arrivées sur son bureau et qu'il a vu que ce serait compliqué, il a laissé faire et je crois qu'il en a été très soulagé".

Entendu sur europe1 :
L'injonction de transparence est en train de substituer à un discours sur le droit un discours moral et moralisateur

"Pour combattre l'opacité, on a déjà des armes". "La vie privée est de plus en plus grignotée sur l'espace public", constate-t-elle. "Et tout le monde est complice de cette société de contrôle. On le voit aussi sur internet, y compris sur les réseaux sociaux. Il est là, le danger." "La transparence va avec la démocratie, mais c'est aussi une pathologie de la démocratie dans la mesure où l'injonction de transparence est en train de substituer à un discours sur le droit un discours moral et moralisateur. Parce que pour combattre l'opacité, on a déjà des armes et je pense que la justice, la loi ont quelque chose à faire. Or, la morale n'est pas réglementée", s'inquiète-t-elle.