Marie Msika-Razon, médecin : "L'IVG est un soin comme un autre"

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FRED DUFOUR / AFP © Une patiente en consultation au planning familial. Photo d'illustration.
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Aurélie Dupuy
La praticienne Marie Msika-Razon, invitée de Philippe Vandel samedi, est favorable à la suppression de la clause de conscience qui permet aux médecins de refuser de pratiquer une IVG. 
INTERVIEW

Un tiers des femmes a connu une interruption volontaire de grossesse. Malgré cette réalité et les décennies passées depuis la loi Veil (1975) autorisant l'avortement, l'acte est régulièrement remis en question. Marie Msika-Razon, médecin au Planning familial et à l’hôpital des Bleuets à Paris, alerte au micro de Philippe Vandel sur la menace qui plane sur l'IVG.

"D'un cabinet à l'autre". "Certes, c'est un droit. Mais il y a des choses qu'on pensait complètement acquises et qui ne le sont pas", souligne le médecin au micro d'Europe 1. En témoignent selon elle les déclarations de Bertrand de Rochambeau, président d'un syndicat de gynécologues, qui, début septembre 2018, assimilait l'IVG à un homicide.

Sur le terrain, Marie Msika-Razon observe régulièrement les entraves au droit à l'IVG : "Le délai légal est de cinq semaines de grossesse pour la méthode par médicament et de douze semaines de grossesse pour la méthode par aspiration et ce temps-là passe très vite. Même à Paris, on entend des patientes qui ont été d'un cabinet à l'autre en continuant leurs examens sans avoir accès à l'IVG elle-même."

"Le sujet, c'est la femme". Des femmes ont ainsi eu plusieurs échographies sans suite "et ont perdu plusieurs semaines". Certaines "doivent aller à l'étranger pour pouvoir avoir recours à une IVG". Partant de ce constat, la praticienne se déclare favorable à la suppression de la clause de conscience qui permet à des médecins de refuser de pratiquer l'IVG. "Il n'y a aucune raison qu'il existe ça pour ce type d'acte alors que ça n'existe pas pour tous les autres actes médicaux. De toute façon, l'IVG est un soin comme un autre et c'est un soin capital pour protéger le droit des femmes et qu'elles aient accès à leur corps."

Le médecin le martèle, assimiler une IVG à un homicide "est très grave". "Il faut bien recentrer qui est le sujet dans une IVG. Le sujet, c'est la femme et c'est la femme qu'on va priver d'une certaine partie de sa vie si on l'oblige à poursuivre une grossesse qu'elle ne désirait pas. Ce n'est pas entendable", conclut Marie Msika-Razon.