Marche des "stylos rouges" samedi : "Si on n'arrive pas à recruter, c'est qu'il y a un vrai problème"

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Romain David , modifié à
Les enseignants en colère défilent samedi dans plusieurs villes. Leur première revendication : une revalorisation de leur profession, comme l'explique au micro de Matthieu Noël, sur Europe 1, Dominique Dubarry, prof de SVT et "stylo rouge".

Samedi, en marge de "l'acte 12" des "gilets jaunes", les enseignants descendront aussi dans la rue. Crée début décembre, le mouvement des "stylos rouges" organise des marches à Paris, Lyon, Nice et Bordeaux. Comme pour les "gilets jaunes", l'étendue de leurs revendications est particulièrement large, recoupant, pèle-mêle, les conditions de travail, le manque de formation et de considération, ou encore la réforme du bac. Bref, "un manque d'écoute de façon générale", résume au micro de Matthieu Noël, sur Europe 1, Dominique Dubarry, prof de SVT dans l'Essonne et "stylo rouge".

Une image trop abîmée. "Il faut revaloriser le métier d'enseignant, si l'on n'arrive pas à recruter, c'est qu'il y a un vrai problème", pointe cette enseignante qui évoque notamment un dégel du point d'indice ou une augmentation des salaires. Pour elle, les enseignants ont progressivement perdu "le respect des parents et des élèves" à cause de l'image faussée que donneraient d'eux les médias et le ministère de l'Education nationale.

>> De 5h à 7h, c’est "Debout les copains" avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Un métier qui fait peur. "Je suis la troisième génération de prof de ma famille, et aucun de mes enfants n'a envie d'être prof", relève-t-elle. "Ils m'ont trop vu avec mes copies qui me suivaient partout, mes cours à préparer, mes nuits blanches… Et pourtant, ils m'ont vue aussi passionnée par mon travail […]", explique-t-elle. "J'ai conseillé mon métier pendant des années, et cette année, pour la première fois, je dis :' réfléchissez bien avant de devenir prof.'"

Le public, en voie de déclin ? "La deuxième de nos revendications, c'est une vraie bienveillance de l'Etat envers les élèves", poursuit Dominique Dubarry pour qui les classes restent trop souvent surchargées, ce qui pose surtout problème dans les zones difficiles. "Quand on est à Louis le Grand (à Paris), on peut avoir 40 à 45 élèves par classe, en zone REP (Réseau d'éducation prioritaire) c'est beaucoup plus compliqué". Elle craint d'assister ainsi à un déclassement général des établissements publics. "Il y a beaucoup d'élèves qui partent dans le privé. Avec la réforme des lycées à la carte, on risque de voir de plus en plus d'élèves se diriger vers le privé pour obtenir les spécialités qu'ils vont vouloir demander", alerte-t-elle.