Manuel Valls juge "insupportable" que Dieudonné puisse continuer à "se produire"

Manuel Valls, Dieudoné crédit : AFP / montage Europe 1 - 1280
Manuel Valls estime que Dieudonné ne devrait pas se produire sur scène © AFP / montage Europe 1
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avec AFP , modifié à
Pour l'ancien Premier ministre, Dieudonné n'est pas un humoriste, mais "celui qui produit un discours de haine" dont il déplore la propagation.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls a dénoncé mercredi soir l'humoriste "antisémite et raciste" Dieudonné, jugeant "insupportable" qu'il puisse continuer à "se produire" en spectacle.

"Un problème profond dans notre pays". "Quand j'ai appris qu'il avait réuni" dimanche à Marseille "plusieurs milliers de personnes qui l'avaient applaudi à la fin debout, j'ai réagi" parce que "là, il y a un problème profond dans le pays", a déclaré le député de l'Essonne dans un discours au dîner annuel de Radio J, dont il était l'invité d'honneur.

Dieudonné "est antisémite et raciste et il a été condamné pour cela. C'est insupportable qu'il puisse se produire. Heureusement, il y a des actions qui sont en cours mais il se produit ! Et, en se produisant, il gagne de l'argent et il peut ainsi continuer à se produire...", a souligné celui qui, alors ministre de l'Intérieur, avait fait interdire en janvier 2014 le spectacle de l'humoriste controversé, condamné notamment pour incitation à la haine et propos antisémites.

Le spectacle de "celui qui produit un discours de haine". "Aujourd'hui, ceux qui vont à son spectacle y vont en toute connaissance de cause. Ils savent qu'ils ne vont pas à un spectacle d'un humoriste. Ils savent qu'ils vont à un spectacle de celui qui produit un discours de haine, qui est l'ami de ce néonazi qui s'appelle [Alain] Soral", a déploré Manuel Valls.

La synthèse entre deux antisémitismes, selon Valls. "C'est quelqu'un qui a façonné l'esprit d'un certain nombre de jeunes, un public pas seulement celui des quartiers populaires mais aussi de classes moyennes", a-t-il ajouté. "Avec Soral, ils ont réussi à faire", a souligné l'ex-Premier ministre, "la synthèse entre l'antisémitisme traditionnel de l'extrême droite et l'antisémitisme né plus récemment dans nos quartiers populaires et porté essentiellement par des jeunes de ces quartiers, originaires du Maghreb et surtout de confession musulmane puisqu'il faut dire les choses clairement".

"Il faut parler fort, ne pas avoir peur". Malgré "la mobilisation" post-attentats de 2015, "malgré cette prise de conscience", a-t-il regretté, l'antisémitisme, "ça continue" et "ça veut dire que le mal est profond". Selon Manuel Valls, "quand on s'attaque aux juifs de France, on s'attaque à tous" les Français.

"Donc, il faut parler fort, ne pas avoir peur. C'est pour cela que je me suis de nouveau engagé alors qu'il aurait été peut-être plus sage d'observer un peu de silence. Je ne me tairai pas parce que c'est une bataille politique essentielle pour notre civilisation".