Manifestation contre la loi Travail : des militants "interdits de séjour" à Paris

Loi Travail manifestation Rennes
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G.S.
Plusieurs militants jugés violents ont été interdits de manifester dans plusieurs arrondissements de Paris. Ils ne peuvent même pas y "séjourner".

Ils sont carrément "interdits de séjour" dans plusieurs arrondissements de Paris, selon les termes d'un arrêté de la préfecture de police. Plusieurs opposants à la loi Travail ont reçu des interdictions individuelles de manifester mardi à Paris, lors du mouvement "unitaire" prévu contre la loi "El Khomri" . Notamment membres du collectif Action Antifasciste (AFA) Paris-Banlieue, du Mouvement interluttes indépendant (MILI) ou du Social Protest Klub, ils ne pourront pas se trouver, entre 11 heures et 20 heures mardi, dans les quatre arrondissements de Paris concernés par le défilé de mardi (6e, 7e, 14e et 15e). Et de 18 heures à 7 heures le lendemain, la place de la République et les rues alentour leur seront également interdites.

Pour quels motifs sont-ils interdits ? Depuis samedi soir, "plusieurs de nos militants ont reçu des visites à domicile de policiers, venus délivrer des interdictions de manifester..", a indiqué dimanche AFA Paris/Banlieue, compte Twitter des antifascistes ("antifa") parisiens. L'article 5 de l'état d'urgence permet "d'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics". La préfecture de police a confirmé à l'AFP, sans en préciser le nombre, que des arrêtés ont été notifiés à "des personnes à l'origine ou associées à des faits de violence, pour ne pas que des actes de violences se produisent de nouveau".

AFA Paris/Banlieue publie sur Twitter l'une des interdictions de manifester de l'un de ses membres. Selon le document, le militant "a été remarqué, à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du code du travail".

"Des groupes d’individus masqués et portant des casques sont systématiquement à l’origine de ces désordres. Il y a, dès lors, tout lieu de penser que la présence de M. [X] aux rassemblements organisés contre le projet de loi […] vise à participer à des actions violentes", poursuit la préfecture. Au début du texte, se trouve également évoqué la "prégnance de la menace terroriste" qui oblige les forces de l'ordre  à "demeurer fortement mobilisées".

"Facho". Contacté par Le Monde, un proche des manifestants "interdits de séjour" assure qu'aucun de ceux qui ont reçu l’arrêté d’interdiction n’a été interpellé jusqu’ici lors de manifestations. Sur la toile, les militants "antifa" contestent vivement cette interdiction, épinglant le préfet de police du titre de "facho" au service de "l'Etat PS".  

AFA Paris/Banlieue, pour sa part, n'entend pas se démotiver pour autant. "Si le préfet Cadot pense nous porter un coup au moral, il vient de faire exactement le contraire. Vous voulez nous faire sortir par la porte ? On rentrera par la fenêtre… A bientôt dans les rues…", peut-on lire sur le site de l'association.