Maëlys : "on ne peut pas faire le deuil tant qu’on n’a pas retrouvé le corps"

Les parents de Maëlys ont entamé leur deuil mercredi avec la découverte du corps de leur enfant.
Les parents de Maëlys ont entamé leur deuil mercredi avec la découverte du corps de leur enfant. © PHILIPPE DESMAZES / AFP
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M.Be
Le psychanalyste Pascal Neveu explique sur Europe 1 que le travail de deuil des parents de Maëlys n'a pu commencer mercredi qu'avec la découverte du corps de l'enfant. 
INTERVIEW

Après la découverte de la "quasi-totalité" des restes du corps de Maëlys, les parents de la fillette tuée en août par Nordahl Lelandais, selon ses propres aveux, vont désormais entamer leur travail du deuil. Et ce travail a commencé par la publication mercredi soir sur Facebook d’une lettre ouverte de la mère de Maëlys au meurtrier présumé. "Elle avait besoin (d’écrire cette lettre) car le corps a été retrouvé à ce moment-là, donc il y a une sorte de remise en contact inconscient avec sa petite fille", analyse dans Europe Nuit le psychanalyste et psychothérapeute Pascal Neveu.

La découverte du corps comme élément déclencheur. "Il y a un débordement d’émotions, et (la mère) amorce à ce moment-là le travail de deuil, à la fois remplie d’amour pour sa fille et de haine pour le meurtrier, avec toute sa part de culpabilité", poursuit Pascal Neveu. "Elle a aussi besoin de magnifier, surinvestir l’image de son enfant", dit-il, alors que la mère écrit dans sa lettre "Je suis si fière de toi".

 

Pour le psychanalyste, la découverte du corps de l'enfant agit comme un élément déclencheur dans le travail de deuil : "Tant qu’il n’y a pas de preuve, tant que la vérité n’a pas surgi, on enferme tout cela (…) On a besoin d’être confronté à cette réalité. On ne peut pas faire le deuil de quelqu’un tant qu’on n’a pas retrouvé le corps." 

Un deuil long et difficile. Selon Pascal Neveu, le 14 février, "jour de la Saint-Valentin, jour de l’amour", restera "à tout jamais entaché pour les parents". "Chaque année, les parents ne pourront pas s’empêcher de penser que ce jour-là on a retrouvé le corps de leur enfant", souligne-t-il. Le psychothérapeute estime ainsi que le deuil des parents de Maëlys sera lourd et difficile, voire "jamais finalisé" : "Ça va passer par des vagues successives ces prochains mois. Même si on enterre la petite fille maintenant, les démons ressortiront dans quelques années car le procès n’aura pas lieu tout de suite, et cela va les hanter toute une vie."