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Après l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, l'ancienne juge antiterroriste Béatrice Brugère estime qu'il est encore possible de repenser le système législatif français face au terrorisme, sans sortir de l'Etat de droit.
INTERVIEW

Faut-il encore durcir l’arsenal législatif contre le terrorisme ? Après l’attentat dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, plusieurs responsables politiques de droite proposent notamment de placer en centre de rétention les personnes fichées S. Une mesure jugée anticonstitutionnelle par le ministre de l'Intérieur car dangereuse pour l’Etat de droit. "Le respect de la constitution n’est pas une argutie juridique, c’est un devoir républicain", a martelé Bernard Cazeneuve sur Europe 1 mercredi matin.

Pas de Guantanamo à la française. "On pense à l’enfermement de manière préventive, mais à un moment il va aussi falloir penser à la sortie. Donc, il faut penser à long terme", estime pour sa part Béatrice Brugère, ancienne juge antiterroriste et secrétaire générale du syndicat FO-Magistrats, interrogée au micro d’Europe 1 Midi. Elle cite l’exemple américain de Guantanamo, estimant qu’il n’a jamais réussi à réduire la menace terroriste. "Il faut avoir un plan global, sans doute faire des états généraux", préconise-t-elle.

Renforcer l'arsenal législatif. Mais pour la syndicaliste, "il n’est pas question de sortir de l’Etat de droit." "Ceci dit, ajoute-t-elle, on peut toujours renforcer notre arsenal juridique et législatif." "Il y a beaucoup de choses qui ont été dites et peu de choses qui ont été faites", estime-t-elle, jugeant intéressantes notamment les propositions du rapport Fenech-Tourret sur les attentats de Paris.

Sortir du régime d’exception. Béatrice Brugère évoque une augmentation de l’échelle des peines et une remise à plat des fondements de la détention provisoire pour les terroristes. "Il faut sans doute repenser un système global, sur toute l’échelle pénale, qui soit adapté à cette nouvelle menace", soutient-elle. "Aujourd’hui le système terroriste est un système dérogatoire du droit commun. Il faut maintenant penser à un système spécifique, qui part de l’enquête jusqu’à la détention, avec une formation complète de tous les acteurs judiciaires."