Loi Travail : quelles conditions de sécurité pour la manifestation jeudi ?

Une manifestation contre la Loi Travail le 9 avril 2016, place de la Bastille.
Une manifestation contre la Loi Travail le 9 avril 2016, place de la Bastille. © AFP
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avec AFP , modifié à
Après avoir été interdite mercredi matin, la manifestation syndicale de jeudi a finalement été autorisée. Sur un itinéraire très court, mais très surveillé.  

Un parcours sécurisé d'1,8 km. C'est le circuit finalement autorisé par le gouvernement, mercredi, pour la manifestation syndicale qui aura lieu jeudi, après une volte-face étonnante et l'annonce de l'interdiction de cette même manifestation dans la matinée. Alors, comment les forces de police vont-elles être mobilisées sur cet itinéraire réduit, décrit comme "plus sécurisé" par le ministre de l'Intérieur ?

Un itinéraire réduit… Concrètement, le défilé dessinera une boucle autour du bassin de l'Arsenal, avec un départ et une arrivée depuis la place de la Bastille, dans le 11ème arrondissement de Paris. Soit un parcours d'1,8 km, réalisable à pied, en temps normal en une vingtaine de minutes d'après Google Map. Un "circuit extrêmement court […] qui puisse être sécurisé", d'après l'aveu de Bernard Cazeneuve lui-même, qui a rappelé lors d'une conférence de presse mercredi matin que les manifestations contre la loi Travail se déroulaient dans "un contexte particulier", "celui d’un niveau de menace terroriste élevé", nécessitant la mobilisation des forces de l'ordre depuis des mois, qui plus est avec "la préparation de l’Euro 2016 et son déroulement".

… jugé "plus sécurisé". Le tracé proposé vise notamment à être moins exposé aux casseurs. Ce trajet, extrêmement réduit sur la distance et concentré le long du bassin de l'Arsenal, laisse moins de marge aux fauteurs de troubles pour intervenir. Appelant "les organisateurs à la responsabilité", Bernard Cazeneuve a rappelé les "violences absolument inacceptables" qui avaient émaillé la dernière manifestation contre la loi Travail, le 14 juin dernier, et durant laquelle "28 policiers ont été blessés". Lors du défilé jeudi, "aucun débordement, aucune violence, ne sera toléré", a souligné avec fermeté le ministre de l'Intérieur.

Le déroulé de la manifestation. Les voitures présentes sur la zone seront enlevées ainsi que les bateaux présents dans le port de l'Arsenal qui le souhaiteront, a indiqué Michel Cadot, le préfet de police de Paris, lors d'un point presse, mercredi soir. La zone va d'ailleurs être progressivement interdite à la circulation. Le départ de la manifestation sera donné jeudi à 14h15, place de la Bastille, où la station de métro sera fermée. Le défilé passera notamment devant le commissariat du 4ème arrondissement de Paris, à l'aller, puis s'achèvera par un passage devant l'Opéra Bastille, où la dispersion devrait avoir lieu dès 18 heures, "au fur et à mesure de l'avancée des différents cortèges".

ZONE

En rouge, le périmètre où la circulation va être progressivement interdite (Photo A. A.)

Quelles mesures de sécurité sur place ? Une centaine de personnes, "interpellées dans les manifestations précédentes", font l'objet de mesures d'"interdictions de paraître", a également annoncé le préfet de police, ajoutant que plus de 2.000 policiers étaient mobilisés pour l'occasion. Soit l'intervention de 20 compagnies de forces mobiles, des forces de sécurité intérieure, et de la brigade fluviale, qui jalonneront le parcours autour du port de l'Arsenal.

D'autre part, les participants seront contrôles et fouillés en différents points de "pré-filtrage", installés en amont de la place de la Bastille pour éviter que des casseurs n'infiltrent la manifestation, munis "de projectiles ou de dispositifs permettant de se cacher". Le préfet de police Michel Cadot a aussi demandé aux manifestants de venir sans sac à dos, et à visage découvert.

Un service d'ordre "renforcé" du côté des organisateurs. Enfin, pour compléter cet important dispositif, les responsables des organisations syndicales se sont engagés à "mettre en place un service d'ordre renforcé, structuré et dimensionné" au regard des violences s'étant déroulées lors des précédentes manifestations, a précisé Michel Cadot. Ces services seront en communication avec les forces de l'ordre, et présents tout le long du défilé, en particulier sur les points du parcours jugés "sensibles". Car il va falloir gérer l'afflux de milliers de personnes sur un petit périmètre, qui plus est au bord de l'eau. "Il y a des murets, une passerelle (la passerelle Mornay ; ndlr) qui risque d'être compliquée à gérer. S'il y a 15.000 personnes sur une boucle d'1 kilomètre, ça va, mais si on passe à 30.000 ou 40.000 personnes, ça devient vite compliqué", explique Stanislas Gaudon, secrétaire administratif général adjoint d'Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix.

Certains policiers espéraient une trêve. Après deux jours de négociations entre le gouvernement et l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl), la manifestation contre la loi Travail avait été dans un premier temps interdite, mercredi matin, par le préfet de police. Avant d'être autorisée plus tardivement dans la matinée, après une rencontre entre Bernard Cazeneuve et les secrétaires généraux de la CGT, Philippe Martinez, et de FO, Jean-Claude Mailly. 

Du côté des forces de l'ordre, l'autorisation ou non de cette manifestation a divisé les syndicats de police. "Le lieu ou le parcours, ce n'est pas la question, c'est le moment qui pose problème", affirme Stanislas Gaudon, dont le syndicat Alliance espérait le report de l'événement, rassemblement statique ou défilé. "Nous avions demandé ce report car les forces de l'ordre sont épuisées, mobilisées sur tous les fronts. Nous avions deux jours de repos sans matches de l'Euro (à compter de mercredi soir ; ndlr), une petite trêve durant ce mois de mobilisation intense parsemé de manifestations violentes. C'était l'occasion de laisser souffler les forces de l'ordre", regrette-t-il.