Logement : les plaintes des usagers ont bondi de 25% sur un an

L'association de consommateurs spécialisée dans le logement a recensé 2.934 plaintes l'an dernier, contre 2.344 en 2014
L'association de consommateurs spécialisée dans le logement a recensé 2.934 plaintes l'an dernier, contre 2.344 en 2014 © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon la Confédération générale du logement (CGL), association de consommateurs, les locataires se laissent moins faire qu'auparavant.

Les plaintes d'usagers du logement (locataires, propriétaires ou copropriétaires) ont bondi de 25% en 2015, révèle le septième baromètre annuel de la Confédération générale du logement (CGL) publié ce lundi. L'association de consommateurs spécialisée dans le logement a recensé 2.934 plaintes l'an dernier, contre 2.344 en 2014.

Un changement d'état d'esprit chez les locataires. "Le nombre d'emails envoyés à la CGL connaît une croissance exponentielle depuis 2009", où ils n'étaient que 1.436, les requêtes concernant le secteur locatif arrivant systématiquement en première position depuis sept ans, relève l'association. Plusieurs explications possibles sont évoquées par le président de la CGL, Michel Fréchet, même s'il prévient qu'il faudra "attendre encore un ou deux ans pour voir si ce bond, qui n'est pas le premier, traduit une réelle augmentation ou si c'est un feu de paille".

Il avance une meilleure notoriété de la CGL parmi les consommateurs, ainsi qu'un possible, "changement d'état d'esprit chez les personnes concernées, les locataires, qui aujourd'hui se laisseraient peut-être un petit peu moins faire qu'avant". D'autant plus que le marché du logement, qui reste toujours tendu, s'assouplit tout doucement à la suite des progrès dans la construction depuis un ou deux ans.

Baisse de qualité et manque de logements. Enfin, le président de la CGL évoque l'hypothèse d'une moindre qualité des biens qui se sont loués ces dernières années, en raison du manque chronique de logements. Totalisant 12,20% des demandes chacun, les "troubles de jouissance" tels que l'insalubrité ou l'humidité et la non-restitution ou restitution partielle du dépôt de garantie occupent la première place ex-aequo du "Top 5" des sujets de discorde entre bailleurs et locataires, devant les charges locatives (8,66%) ou encore les réparations et travaux (8,38%). 

En quatrième et cinquième position, on trouve les litiges liés aux préavis, avec 5,39% des plaintes reçues, et les questions relatives aux expulsions (4,64%). Ces deux sujets de plaintes se disputent la tête du classement depuis la création du baromètre en 2009, note l'association, qui précise qu'après être "arrivé en tête durant cinq années consécutives, le dépôt de garantie se fait peu à peu rattraper par les troubles de jouissance, qui l'ont détrôné en 2014 et arrivent ex-aequo en 2015". 

"Les politiques menées depuis des années ont tapé à côté du problème". "Le maintien à un haut niveau de ces problématiques montre au moins une chose: que les politiques qui ont été menées au cours des dix dernières années, voire au-delà, ont tapé à côté de la cible", juge Michel Fréchet. A titre d'exemple, il cite la loi Alur de mars 2014 qui n'a, selon lui, apporté aucun changement significatif dans la restitution du dépôt de garantie, en raison d'une mauvaise prise en compte de "la psychologie des locataires". "Pour récupérer un dépôt de garantie, il y a beaucoup de locataires qui se disent que le jeu n'en vaut peut-être pas la chandelle, ils craignent de devoir payer des frais d'avocat, ils pensent que ce sera long et donc ils laissent tomber," explique-t-il.

Bien que les réclamations liées aux troubles de jouissance, liés essentiellement à un mauvais entretien des lieux soient en légère baisse par rapport à 2014, leur récurrence dans le baromètre "témoigne de l'existence de biens mis à la location dans un état médiocre, et ce malgré des prix élevés", estime encore la CGL. "Autre fait alarmant: les demandes d'aides pour cause d'exclusion (expulsion, ndlr) n'ont cessé d'augmenter depuis la création du baromètre, passant de 2,37% à 4,64%", ajoute l'association.