Leurs parents manifestent, des élèves privés de matériel informatique

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Sébastien Krebs avec , modifié à
Le maire adjoint d'Orléans a décidé de mettre un terme au projet numérique de l'école Mermoz. En cause : une manifestation de parents en soutien à des sans-papiers qui a déplu à l'élu.

Ils ne s'attendaient pas à ce que leur mobilisation citoyenne ait des répercutions sur leurs enfants. Les élèves de l'école Mermoz, à Orléans, ont été privés au dernier moment de matériel informatique. En cause : une mobilisation de quelques parents pour soutenir des enfants de famille sans-papiers. Il y a près d'un mois, les parents d'une classe de CM2 avaient occupé, quelques heures, l'école Mermoz pour dénoncer les conditions de vie précaire de ces familles contraintes de vivre dans la rue. En raison de cette mobilisation dans l'enceinte de l'établissement, c'est une autre école qui va profiter du matériel numérique. Le préfet a par ailleurs trouvé une hébergement d'urgence aux deux familles sans-papiers.

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"C'était prévu pour la rentrée de la Toussaint". Pourtant, tout était prêt dans l'école pour installer une tablette tactile géante, de la taille d'un tableau noir, ou encore un nouveau type de projecteur numérique. L'école Mermoz avait en effet été choisie pour mener la phase de test qui devait permettre de généraliser ce matériel dans l'ensemble des écoles orléanaises, d'ici 2015, rapporte La République du Centre.

Finalement, la livraison a été annulée, au tout dernier moment, déplore Pascal Hatton, professeur en classe de CM2. "C'était prévu pour la rentrée de la Toussaint, le 3 novembre, des travaux avaient été engagés pendant les vacances, notamment du câblage. On s'est retrouvé à apprendre, par la presse, que notre école n'aurait pas cet équipement là. Une autre école a été choisie à notre place", déplore-t-il au micro d'Europe 1.

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"Un acte antirépublicain", pour l'élu. Une décision prise par le maire adjoint (UDI) chargé de l'Education, à la suite d'une mobilisation de parents d'élèves, le 16 octobre dernier. Furieux de voir que des parents et des associations avaient occupé l'école pour réclamer un hébergement d'urgence pour deux enfants de l'établissement, Florent Montillot a mis fin au projet numérique de l'école Mermoz. "Occuper, prendre en otage, une école de la République, pour une autre raison que l'ordre scolaire, c'est un acte antirépublicain. L'école est un sanctuaire dédiée à l'éducation et à rien d'autre. Le directeur de l'école n'a pas été en mesure de contrôler une situation qui lui a manifestement échappé", se défend l'élu.

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"Les élèves qui sont punis". La mairie assume donc la sanction, mais les parents, eux, sont furieux. Ils estiment que leurs enfants n'ont rien à voir dans cette histoire. Et précise que "l'occupation" de l'école n'a duré que quatre heures. "On nous traite de preneur d'otages, de délinquant, mais quand on est sorti, on a passé un coup de balai. Il n'y a aucun dommage, de quoi que ce soit, pour la mairie. Ce sont les élèves qui vont être punis de matériel pédagogique. C'est une décision inqualifiable", réagit un parent d'élève, contacté par Europe 1.

Même son de cloche du côté d'un autre père de famille. "On nous proposait un matériel élaboré, qui aurait permis d'aider les enfants dans leur apprentissage, on ne trouve pas ça juste de revenir là-dessus. Pour une action menée par des parents - une action légitime - c'est les enfants qui en pâtissent", estime-t-il.

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Les enfants devront donc attendre la rentrée prochaine, lorsque toutes les écoles de la ville, seront équipées une à une. En attendant, un conseil d'école est prévu jeudi et les parents d'élèves comptent bien se mobiliser, indique La République du Centre. Ils souhaitent également rencontrer Serge Grouard, le maire de la ville.

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