"Les musulmans sont anormalement normaux"

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G.S.
Invité d'Europe 1 dimanche matin, le sociologue Raphaël Liogier est revenu sur le sondage sur les musulmans de France paru dans le JDD. 
INTERVIEW

Que pensent les musulmans de France ? Vaste question à laquelle l'Institut Montaigne et l'Ifop ont tenté de répondre dans un sondage révélé par le Journal du Dimanche. L'étude a été menée durant neuf mois auprès de 1.029 Français(es) "de religion ou d'ascendance musulmane".

Principaux chiffres à retenir : les musulmans seraient environ 3,5 millions en France, 46% seraient "totalement" laïcs et intégrés. A l'inverse, 28% des sondés sont qualifiés de "rigoristes" et mal à l'aise avec la laïcité, notamment les jeunes (50% des moins de 25 ans, 20% des plus de 40 ans). Pour Raphaël Liogier, sociologue des religions à Aix-en-Provence, ce sondage ne dit qu'une chose : "les musulmans sont anormalement normaux".

"Ensuite, ils s'adoucissent". "Moi, ce sondage ne me surprend pas du tout. Les musulmans sont moins nombreux que ce que la plupart imagine, et c'est ce que j'affirme depuis longtemps. Ils sont aussi beaucoup moins pratiquants que ce que l'on imagine (un tiers n'est jamais allé à la mosquée, 29% seulement y vont chaque semaine, ndlr). Ils sont beaucoup plus libéraux qu'on ne le dit (une écrasante majorité des musulmans interrogés ne refusent pas la mixité, acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5%) ou de serrer la main d'une personne (88%) du sexe opposé par exemple). Depuis un certain nombre d'années, on croise de façon confuse les problèmes et les angoisses identitaires des Européens, la peur de la mondialisation, du terrorisme, la peur en général", avance Raphaël Liogier au micro d'Europe 1.

Que penser des moins de 25 ans, dont 50% sont qualifiés de "rigoristes" ? "C'est un phénomène général dans le champ religieux. Les musulmans sont anormalement normaux. Dans toutes les religions, les convertis et les jeunes sont plus rigoristes et ensuite ils s'adoucissent", assure le sociologue. Que penser, enfin, du fait que 70% des femmes sont favorables au port du voile, contre 58% des homme ? "Il y a un retour à une sorte d'intensité de la foi, notamment chez les femmes, qui l'imposent parfois aux hommes", analyse Raphaël Liogier.