Laurent Ballesta était l'invité de L'équipée sauvage le jeudi 9 janvier 2020. 1:39
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Céline Brégand , modifié à
Le plongeur et photographe naturaliste Laurent Ballesta sera présent au Salon de la Plongée, qui se déroule à Paris dès vendredi pour plusieurs conférences. L'occasion de s'immerger quelques instants avec un homme en perpétuelle recherche d'émerveillement et de découvertes dans une Grande Bleue en péril.
INTERVIEW

"La Méditerranée n'est pas morte !", assure Laurent Ballesta. Même si elle est en péril. Sur Europe 1, le photographe estime que nous n'avons pas besoin d'attendre son expédition "pour comprendre que la Méditerranée est blessée, attaquée de divers types de pollutions, sonores, chimiques, surpopulations, aménagements côtiers…" Mais le plongeur, biologiste marin et photographe naturaliste l'a explorée et il l'affirme : "On est allés suffisamment profond, on a vu son cœur battre". Il a donc choisi de "montrer ces refuges, ces oasis dans le désert" plutôt que "de continuer ce même constat qui ne surprend plus que les gens en manque de scoops." Dès vendredi, Laurent Ballesta animera des conférences au Salon de la Plongée, porte de Versailles, à Paris. 

"Montrer qu'il y a encore matière à s'émerveiller et même à découverte"

Le photographe a mené plusieurs expéditions au cours de sa carrière. Il a eu l'occasion de photographier la reproduction des mérous, ou encore d'étudier les chasses nocturnes des requins gris. L'été dernier, avec quatre plongeurs, il a passé 28 jours dans un module sous-marin à 120 mètres de profondeur. Une première mondiale. "L'idée était de montrer qu'il y a encore matière à s'émerveiller et même à découverte", souligne le photographe de 45 ans. "On n'est pas au fin fond de la Papouasie, on n'est pas dans les profondeurs de l'Antarctique. On est entre Marseille et Monaco. Et tous les jours, je suis sorti de l'eau avec une photographie, soit d'une espèce jamais photographiée, soit d'un comportement jamais observé, sans être allé au bout du monde. Mais bien sûr, tout cela est largement en péril".  

Inspiré entre autres par Cousteau, Laurent Ballesta doit surtout beaucoup à Nicolas Hulot, l'ex-ministre de l'Ecologie. "Je retiens presque plus mes échanges avec lui et les gens qu'il m'a fait rencontrer que les voyages eux-mêmes", raconte celui qui a collaboré pendant douze ans avec l'ancien animateur d'Ushuaïa sur son émission. "Cela a été très formateur pour moi d'être aux côtés d'un personnage qui sait faire preuve d'audace et d'humilité", remarque le plongeur.

"J'ai placé un grand espoir dans un petit poisson de trois centimètres de long"

Au cours de sa carrière, Laurent Ballesta a rencontré plusieurs espèces qu'il ne connaissait pas. L'une d'entre elle l'a particulièrement marqué. Alors que ce Montpelliérain d'origine venait de terminer ses études universitaires, il découvre une nouvelle espèce. "C'était un tout petit poisson de trois centimètres de long mais dans lequel j'ai placé un grand espoir. [...] Je savais que je vivrais ma passion mais savoir que je pourrais vivre de ma passion, c'était une autre histoire", explique-t-il. "J'avais cette sensation à l'époque que je connaissais bien la Méditerranée. Mais on connaît que quand on commence à comprendre qu'on ne connaît pas", reconnaît le photographe. Il se souvient de ce poisson remarquable, "tout noir avec des gros points blancs" qu'il réussit à prendre en photo. "C'était le mélange de la science et de l'image !"

Avec cette unique photo, il fait le tour de quelques professeurs. "Certains vous disent : 'C'est n'importe quoi, c'est simplement une robe nuptiale d'une espèce banale'. Et puis le professeur Quignard, qui avait été mon professeur à l'université, me dit : 'Olala, là on tient quelque chose !'". Le professeur envoie sa photo à un noble japonais spécialiste, non pas des poissons, mais de la famille des gobiidés dont il existe des centaines d'espèces. Ce dernier confirme l'exceptionnalité du cliché puisque c'est la première photo jamais prise d'un Gobie d'Andromède. "J'étais tellement fier ! C'est resté puisque c'est devenu le nom de ma société qui s'appelle Andromède océanologie", raconte Laurent Ballesta.