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Invité du Club de la presse, le sociologue Gérald Bronner a détaillé le principe et le mode de fonctionnement des centres de déradicalisation qu'il contribue à mettre en place.
INTERVIEW

C'est l'un des grands axes de la réponse gouvernementale à la radicalisation de Français se tournant vers Daech : la création de centres de déradicalisation. Manuel Valls les a annoncés peu après les attaques du 13 novembre à Paris. Le socioloque Gérald Bronner participe à leur conception et y sera bientôt confronté à "une trentaine d'individus qui ont endossé des convictions qui nous révulsent". Avec cet objectif : "redonner à ces jeunes gens le contrôle de leur esprit critique."

"Ce qu'on va faire en France, c'est une grande première mondiale", a-t-il expliqué vendredi au micro d'Europe 1, invité du Club de la presse pour son livre La pensée extrême – Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques. D'autres pays tentent de contenir la radicalisation. Le Royaume-Uni ou les Pays-Bas ont tenté des expériences avec des centres, mais c'était du "tutorat individuel avec un dialogue avec des imams. Un centre fermé, avec une approche en termes de psychologie, de sciences humaines, etc. ça c'est une première mondiale."

"Ils seront très entourés." Ce dispositif s'adresse à des jeunes en voie de radicalisation mais qui n'ont pas encore basculé dans l'action violente. Ils seront pris en charge dans un programme de dix mois. "Ils ne seront pas enfermés", décrit Gérald Bronner. "Ils auront le choix de quitter le centre mais ils y dormiront, dans des chambres individuelles." Dans ce centre, "ils seront très entourés. Il y aura des sociologues, des psys, un encadrement associatif…"

Les jeunes ciblés participeront à "des dialogues autour de la citoyenneté et du sentiment républicain". "Moi, je vais essayer d'aiguiser chez eux leur capacité à comprendre leurs erreurs." Une mission ambitieuse face à la dérive que la propagande de Daech parvient à susciter, avec quelque 600 Français qui ont rejoint les rangs de l'organisation terroriste en Syrie et en Irak. "J'aurai dix mois pour échanger avec eux, à raison de trois heures par semaine", se projette Gérald Bronner.