Les anciens de Goodyear au Zénith d'Amiens pour leur procès aux prud'hommes : "On n'y va pas pour faire la fête"

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Lionel Gougelot, édité par Anaïs Huet , modifié à
Quatre ans après la fermeture tumultueuse de l'usine Goodyear à Amiens-Nord, plus de 800 plaignants réclament jeudi une indemnisation contre la direction, estimant que leur licenciement était dépourvu de cause économique sérieuse.
REPORTAGE

C'est un procès hors-norme qui va s'ouvrir jeudi à Amiens. Quatre ans après la fermeture de l'usine Goodyear, dont ils contestent la légitimité, plus de 800 anciens salariés vont se présenter devant le conseil des prud'hommes, exceptionnellement délocalisé au Zénith d'Amiens.

"Aucune justification à la fermeture". "Les salles disponibles sur la ville n'étaient pas suffisamment grandes pour accueillir tout le monde. Il a fallu trouver une salle adaptée, et il s'avère que c'est là où se passent les concerts et les soirées. Mais nous, on n'y va pas du tout pour faire la fête. On y va pour demander que soit rendu un jugement qui dise très clairement qu'il n'y avait aucune justification à la fermeture de notre usine", a expliqué Mickaël Vamin, ancien leader de la CGT, au micro d'Europe 1.

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"Jetés comme de vieilles chaussettes". Mardi, lors du dernier briefing de préparation avant l'audience, près de 300 ex-Goodyear sont venus écouter les consignes de leur avocat. Avec 1.143 emplois supprimés, leur colère est encore à fleur de peau. "On aura toujours de la rancœur envers la direction de Goodyear. C'est eux qui nous ont mis dehors. On a été jetés comme de vieilles chaussettes ! On ne peut pas oublier ça", s'émeut un ancien salarié.

"Le témoignage vivant d'une tragédie sociale". Jeudi, devant les prud'hommes, la présence massive de tous ces salariés sera un atout majeur, estime leur avocat, Me Fiodor Rilov. "Dans un prétoire, quand on parle d'enjeux aussi essentiels, leur présence va inévitablement peser dans la balance. Ils sont le témoignage vivant d'une tragédie sociale, qui exige maintenant que justice soit rendue", estime le conseil, figure de proue des combats contre les grandes multinationales. 

Me Fiodor Rilov a toutefois martelé cette consigne prioritaire aux ex-Goodyear : éviter tout débordement ou manifestation violente qui ruinerait quatre ans de procédure. Alors que les plaidoiries débuteront à 9 heures et finiront à 19 heures, le jugement devrait être mis en délibéré et connu au premier trimestre 2019.