Le vol à main armée en recul d'année en année

Bien qu'ils soient de plus en plus impressionnants, les braquages sont en recul depuis plusieurs années
Bien qu'ils soient de plus en plus impressionnants, les braquages sont en recul depuis plusieurs années © DENIS CHARLET / AFP
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avec AFP , modifié à
INFOGRAPHIES - Depuis 2011, les vols à main armée n'ont fait que décroître. Une baisse qui a surtout bénéficié aux banques, commerces et bijouteries particulièrement exposés.

Bien qu'ils soient de plus en plus spectaculaires, à l'image du braquage de Kim Kardashian ou des bijouteries dévalisées dans le Triangle d'or parisien, les vols à main armée poursuivent leur déclin, selon une étude publiée mercredi. L'Observatoire national de la délinquance et de la répression pénale (ONDRP) met en lumière une baisse "généralisée" et "progressive" du nombre de vols commis au moyen d'une arme à feu.

Une tendance à la baisse qui se confirme. Le constat de l'ONDRP est nourri des données du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSM-SI) et de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) : "que ce soit d'après les chiffres fournis par l'une ou l'autre des deux sources, nous n'observons une diminution quasi régulière de leur nombre depuis 2009". Bémol : sur la même période, seules les Antilles et la Guyane enregistrent une "nette augmentation" du nombre de vols à main armée.

Ainsi selon le SSM-SI, 2.900 vols à main armée ont été recensés par la police et la gendarmerie en 2016 en métropole, soit une baisse de 24% en un an. En remontant à 2009, l'ONDRP constate même une baisse de 60%, "soit l'équivalent d'environ 4.000 victimes de moins". En se basant sur les chiffres de l'OCLCO qui varient en raison d'une collecte des données différentes, l'ONDRP constate une tendance identique. 

4.000 victimes en moins. Banques, commerces et bijouteries en sont les premiers bénéficiaires. Selon les chiffres de l'OCLCO, les attaques d'établissements financiers ont plongé de 66% entre 2013 et 2016, 62% pour les tabacs-PMU, jusqu'à 80% pour les bijouteries et 51% pour les supérettes. La baisse est moins marquée pour les particuliers, avec une diminution de 31%.

De moins en moins de fonds disponibles. Sas de sécurité, liasse de billets piégés, vidéo-protection, système de caisse avec un faible fonds de roulement mais aussi durcissement des modalités de revente de métaux précieux et plus largement limitation du paiement en espèce et recours accru aux cartes bancaires sont devenus autant d'obstacles pour les braqueurs. 

"Les banques se sont beaucoup protégées ces dernières années et nous recueillons le fruit du travail de prévention réalisé avec les commerçants", fait valoir Pascal Lalle. "Il y a aussi l'action des patrouilles en sécurité publique, avec par exemple le plan anti hold-up", activé pendant la période des fêtes.

Des reconversions dans des activités plus lucratives mais plus risquées. Dans le haut du spectre, "les malfrats d'envergure vont se reconvertir dans des activités plus lucratives", avance le patron de l'OCLCO, Frédéric Doidy, qui pointe du doigt les trafics en tous genres et plus particulièrement celui de stupéfiants. Avec à la clé en cas de "pépin" des peines moins lourdes car s'il n'est pas correctionnalisé, le "VMA" reste un crime passible des assises et "les juridictions ont souvent la main lourde", rappelle-t-on côté PJ.

En matière de criminalité, "cet effondrement va-t-il se poursuivre ou va-t-on atteindre un palier ?" s'interroge Christophe Soullez, chef de l'ONDRP. "Nous sommes sur un étiage très bas mais en matière de délinquance, il est difficile de faire des prédictions", observe Pascal Lalle, directeur central de la sécurité publique (DCSP).

Développement de la cyber-criminalité. En parallèle, la cybercriminalité se développe : captation des données à distance, débit frauduleux sur la carte bancaire... L'archétype du malfaiteur du XXIe siècle tiendra peut-être davantage du geek que du voyou encagoulé montant au "braquo" arme au poing.

Et dans ce domaine, particuliers comme grandes entreprises sont touchées. En mai dernier, les grands groupes de plusieurs dizaines de pays ont subi une cyberattaque avec une demande de rançon qui avait inquiété les spécialistes.