Le "violeur de Colombes", un homme "fragile" et "dangereux"

Sofiane Rasmouk comparaît devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, jusqu'au 31 mai
Sofiane Rasmouk comparaît devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, jusqu'au 31 mai © JACK GUEZ / AFP
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M.L. avec AFP , modifié à
Le procès de Sofiane Rasmouk, accusé de viol et de tentative de meurtre pendant sa semi-liberté, en 2013, s'est ouvert lundi devant les assises des Hauts-de-Seine. 

On l'avait surnommé "le violeur de Colombes". En 2013, Sofiane Rasmouk avait sauvagement agressé deux femmes dans la même nuit, fracassant le crâne de l'une d'entre elles, qui souffre de lourdes séquelles. "Oui j'ai du sang sur les mains", a-t-il reconnu lundi à l'ouverture de son procès pour viol, tentative de meurtre et vol. "Mais je n'ai rien à voir avec cette histoire", a poursuivi l'accusé, souvent incohérent. Lors des deux premières journées d'audience, la cour d'assises des Hauts-de-Seine s'est attardée sur la personnalité du multirécidiviste, présenté comme un "psychopathe asocial", par une expertise psychologique.  

"Un cas psychologique qui doit être soigné". Physique imposant, muscles saillants sous un T-shirt moulant, Sofiane Rasmouk toise souvent ses deux victimes, assises côte à côte. Priscilla et Sandra ont croisé son chemin à quelques minutes d'intervalle, dans la nuit du 7 août 2013, à Colombes. L'accusé reconnaît avoir violemment frappé la première, la laissant entre la vie et la mort. Mais il nie avoir violé la seconde, dénonçant "un dossier monté de toute pièce".

A la barre, lundi, un oncle explique avoir "toujours eu un pressentiment qu'il y avait un problème avec cet enfant". Placé à 11 ans et demi, puis suivi par un juge des enfants dès 14 ans, Sofiane Rasmouk est "fragile" et "dangereux", poursuit le témoin. "Pour moi, c'est un cas psychologique qui doit être soigné." Dans le box, l'accusé fulmine, crie et tape du poing lorsqu'un ancien ami le décrit comme "fou". A plusieurs reprises, il coupe la parole à la présidente, s'adresse aux parties civiles et menace des témoins.

Des "conduites toxicomaniaques". "Sanguin", "très nerveux, "bagarreur", "manipulateur"... Les témoignages se succèdent et dressent le portrait d'un homme violent. Depuis 2002, Sofiane Rasmouk a été condamné 24 fois, notamment pour agression sexuelle. "J'ai toujours été fasciné par les voyous, les bandits, madame la présidente", explique-t-il. "C'est pour ça que j'ai toujours vécu en marge de la société." Au moment des faits, le multirécidiviste bénéficiait d'un régime de semi-liberté et devait rentrer tous les soirs à la prison de la Santé.

Cité par le Parisien, un expert psychologue décrivait en 2013 un homme présentant "des difficultés à établir des liens sociaux et affectifs stables" avec des "conduites toxicomaniaques". D'après le quotidien, Sofiane Rasmouk était sujet à des problèmes d'alcoolisme et consommait de l'ecstasy. "Il est comme un pitbull qu'on retient pour qu'il ne nous saute pas à la gorge", juge l'enquêteur en chef devant les assises, mardi, décrivant "un prédateur sexuel particulièrement dangereux" qui dégage "une agressivité, une méchanceté, avec un côté psychopathe."

Les victimes entendues mercredi. "Pour moi, il est irrécupérable", estimait en 2013 la mère de l'une des victimes, jugeant que la justice avait "délivré un permis de tuer" à l'agresseur de sa fille en lui accordant un régime de semi-liberté. Elle avait également dénoncé des "négligences" dans le suivi du suspect, qui multipliait les retards injustifiés à la maison d'arrêt.

"Je suis très correct avec les femmes, toujours respectueux (...) alors qu'on me fait passer pour un débauché, un marginal qui se trimbale avec un berger allemand", a assuré Sofiane Rasmouk, mardi. Le procès, qui est prévu jusqu'au 31 mai, se poursuivra avec l'audition des victimes, mercredi. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.