Le suicide d'une infirmière au Havre reconnu comme "accident de service"

L'infirmière qui a mis fin à ses jours se disait stressée par son travail (illustration).
L'infirmière qui a mis fin à ses jours se disait stressée par son travail (illustration). © PASCAL PAVANI / AFP
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avec AFP
Le suicide d'une infirmière au Havre l'an dernier a été reconnu comme un "accident de service" par l’administration de l'hôpital, établissant un lien direct avec ses conditions de travail.

Le suicide l'an passé d'une infirmière du Groupe hospitalier du Havre (GHH), souffrant de ses conditions de travail, a été reconnu en "accident de service", après enquête administrative interne, ont indiqué vendredi la direction et la CGT. Emmanuelle Lebrun, 44 ans, infirmière en néonatalogie, en couple et mère de deux enfants, avait mis fin à ses jours le 24 juin 2016 à son domicile. Elle avait laissé une lettre expliquant qu'elle subissait un important stress professionnel et qu'elle avait "le sentiment d'avoir fait quelque chose de grave", a indiqué Agnès Goussin-Mauger, déléguée CGT.

Le lien entre le suicide et travail reconnu. La CGT et SUD, via le CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail), avaient demandé une enquête administrative menée par une commission paritaire qui a classé le décès de l'infirmière en accident du travail, selon la déléguée syndicale. La direction du GHH a confirmé, dans un communiqué, "avoir suivi l'avis de la commission de réforme qui impute le suicide d'Emmanuelle Lebrun à un accident de service". "Le travail de fond entrepris par la commission paritaire a permis de démontrer le lien direct et unique entre le suicide d'Emmanuelle et ses conditions de travail", a estimé la déléguée CGT. Un communiqué syndical commun ajoute que "cette reconnaissance d'accident apporte une réponse au compagnon et aux enfants d'Emmanuelle, soulage les équipes et démontre que le risque psycho-social est bien réel à l'hôpital".

Aider l'équipe à se reconstruire. Afin de prévenir "un nouveau drame", les syndicats ont demandé l'intervention d'un prestataire extérieur "pour aider l'équipe à reconstruire son projet médico-soignant". Selon Agnès Goussin-Mauger, Emmanuelle Lebrun "avait toujours dit qu'elle redoutait de travailler en réanimation", ce qu'elle était contrainte de faire parfois pour les nécessités du service. Pendant son temps de travail en réanimation un bébé a été proche de mourir. "Elle a cru, à tort, avoir commis une faute professionnelle et ne s'en est pas remise." "Malheureusement, ce qu'elle n'a jamais su, c'est que la petite fille s'en est sortie, juste après son suicide", a raconté, émue, la déléguée CGT. Le décès d'Emmanuelle Lebrun avait fait partie d'une vague de suicides l'été dernier, dans le personnel infirmier en France, notamment à Toulouse, à Saint-Calais, près du Mans, et à Reims.