Affaire Vincent Lambert : la CEDH va trancher

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Fabienne Cosnay , modifié à
Son épouse Rachel souhaite le laisser partir. Ses parents réclament son maintien en vie. Les juges de Strasbourg vont devoir trancher.

Faut il oui ou non mettre fin à la vie de Vincent Lambert ? La Cour européenne des droits de l'homme se penche mercredi sur le sort de ce tétraplégique de 38 ans plongé dans un état végétatif depuis un accident de la route en 2008. Les juges de Strasbourg vont examiner, lors d'une audience, le conflit entre son épouse Rachel, qui souhaite le "laisser partir", et ses parents, qui refusent l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles de leur fils.

La journaliste d'Europe 1 Noémie Schulz, envoyée spéciale à Strasbourg, vous fait suivre les débats devant la Cour. Suivez son live-tweet par ici.

Mais il faudra encore attendre pour connaître l'épilogue de ce feuilleton judiciaire à rebondissements, la grande chambre de la CEDH ne devant rendre son arrêt que "dans au moins un à deux mois", selon une source proche de l'institution.

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Les parents de Vincent Lambert estiment que le droit à la vie, inscrit à l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'Homme, est bafoué par la loi Leonetti qui permet au médecin de décider seul de l'arrêt de l'alimentation, après avoir simplement "recueilli" l'avis de la famille et de l'équipe soignante.

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28 Septembre 2008. Vincent Lambert, 32 ans, est victime d’un accident de la route alors qu’il se rend à l’hôpital de Châlons-en-Champagne. L'infirmier devient tétraplégique et en état pauci-relationnel, c’est-à-dire en état de conscience minimale, sans espoir de récupération. Il est plongé en coma artificiel.

10 avril 2013. Vincent Lambert est toujours plongé dans le coma, sans que son état s'améliore. Un protocole de fin de vie est engagé par le CHU de Reims avec l’aval de son épouse, Rachel Lambert. Ce protocole, qui s'appuie sur la loi Leonetti, consiste à ne plus l’alimenter ni à l’hydrater artificiellement.

11 mai 2013. Les parents de Vincent Lambert affirment ne pas avoir été mis au courant. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne juge que les médecins n'ont pas suivi la procédure Leonetti, par défaut d'information à la famille, et ordonne le rétablissement de l'alimentation et de l'hydratation artificielles.

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11 janvier 2014. Le CHU informe la famille de la décision d’arrêter les traitements de nutrition et d’hydratation. Les parents de Vincent Lambert saisissent à nouveau la justice. Et le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne leur donne à nouveau raison.

28 janvier 2014. Rachel Lambert, l'épouse de Vincent Lambert, saisit le Conseil d’Etat pour demander l’arrêt du maintien en vie artificielle de son mari.

24 juin 2014. Le Conseil d'Etat donne raison à Rachel Lambert. La plus haute juridiction administrative considère qu'un maintien en vie constituerait une "obstination déraisonnable", compte tenu du caractère irréversible de l'état végétatif de Vincent Lambert et d'un mauvais pronostic clinique. Les parents de Vincent Lambert saisissent la CEDH qui ordonne la suspension provisoire de la décision en attendant de juger le dossier sur le fond.

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