Le SDIS du Nord et l'hôpital de Roubaix condamnés pour avoir tardé à secourir un homme victime d'un AVC

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Lionel Gougelot, édité par Grégoire Duhourcau
L'hôpital de Roubaix, dans le Nord, ainsi que le service départemental d'incendie et de secours (SDIS), ont été condamnés à verser plus de 300.000 euros à un homme victime d'un AVC et secouru trop tardivement.

C'est un jugement que l'on remarque forcément dans l'actualité. Il concerne la prise en charge des malades lorsqu'ils appellent les secours et fait écho à la mort de Naomi Musenga, cette jeune femme décédée après avoir été dénigrée par le Samu à Strasbourg. Le 17 août 2012, les pompiers ont cru à "un coup de chaud" lorsque Christophe les a appelés alors qu'il était victime d'un AVC. L'homme d'une quarantaine d'années est aujourd'hui tétraplégique. L'hôpital de Roubaix et le SDIS du Nord ont été condamnés jeudi à lui verser plus de 300.000 euros.

Quand il appelle les pompiers ce soir-là, Christophe est dans la rue. Perte d'équilibre, difficultés d'élocution, il sent venir le malaise. A l'autre bout du fil, aucune considération pour l'urgence de la situation. C'est en tout cas l'avis de ses parents, qui ont pu entendre l'enregistrement.

"N'allez pas à l'hôpital, vous allez y passer la nuit pour rien." "Au téléphone, on lui avait dit : 'Vous n'avez rien. Buvez un verre d'eau, vous avez pris un coup de chaud. N'allez pas à l'hôpital, vous allez y passer la nuit pour rien.' Il n'a pas été pris au sérieux, on n'a pas tenu compte de ses déclarations. L'AVC était en train de faire son travail quand il a appelé", raconte son père. "Sa vie a basculé à cause de ça. A cause d'un mec qui n'a pas fait son boulot correctement", lâche sa mère.

Il faudra plus de trois heures pour que le jeune homme soit finalement pris en charge après un nouveau malaise. Pendant les six années de procédure, la hiérarchie des pompiers du Nord maintiendra que l'opérateur a répondu de manière adaptée à Christophe.

"Pour sauver Christophe, il suffisait d'appuyer sur un bouton." Un argumentaire qui fait bondir son avocate, Blandine Lejeune : "Pour sauver Christophe, il suffisait d'appuyer sur un bouton. C'est dramatique mais c'est comme ça. Il y avait dans les symptômes décrits par mon client, tous les symptômes de l'AVC. C'est-à-dire qu'un médecin aurait entendu ces symptômes, il envoyait une voiture du Samu ou des pompiers, il aurait eu un handicap très léger. Peut-être même qu'il se serait résorbé."

Cloué dans un fauteuil par un "locked-in syndrome", tétraplégique mais conscient dans son état, Christophe ne s'exprime plus que par le biais d'une tablette numérique. Sa maman assure qu'il a été très affecté par l'affaire de la jeune Naomi Musenga à Strasbourg.