Autotests Sida : premier bilan en demi-teinte

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Eve Roger avec M.B.
SIDA - Mis sur le marché il y a deux mois, ils sont souvent achetés pour un premier dépistage, et utilisés principalement par des urbains qui peuvent se l'offrir.

A chaque nouvelle journée mondiale contre le Sida le même rappel : 150.000 personnes vivant aujourd'hui avec le VIH en France, dont 30.000 sans le savoir, il est indispensable de se faire dépister. Le ministère de la Santé lance mardi une campagne de communication encourageant tous les Français à le faire. Ces-derniers peuvent se rendre en laboratoire, dans les centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) ou, depuis le 15 septembre dernier, acheter un autotest en pharmacie.

70 000 kits en pharmacie. Ce test à faire soi-même n'est pour l'instant pas le plus privilégié. Alors que 70.000 kits ont été achetés par 9 000 pharmacies, il ne s'en vendrait, en moyenne, que deux par mois et par officine. Si cela peut paraître peu, les experts médicaux insistent sur l'importance de chaque dépistage dans un pays où 30.000 personnes ignorent encore leur séropositivité. Quant à la société AAZ, qui commercialise l'autotest, elle souligne qu'"il est encore un peu tôt pour avoir des données précises sur les ventes".

Des utilisateurs jeunes, urbains et informés. Pour le docteur Fonquernie, qui a reçu à l'hôpital Saint-Antoine de Paris trois patients d'une trentaine d'années qui venaient de découvrir leur séropositivité grâce à un autotest, celui-ci est utilisé par une frange spécifique de la population. Ces trois patients "étaient très informés, jeunes, urbains, bien insérés dans la société, qui avaient les moyens de l'acheter, raconte-t-il. On ne peut pas dire qu'ils étaient tout à fait représentatifs de l'ensemble des patients vus à l'hôpital." Il est vrai qu'à 30 euros en moyenne, l'autotest n'est pas à la portée de toutes les bourses.

Souvent un premier dépistage. Un sondage réalisé par AAZ sur Internet a également permis de montrer qu'il s'agissait, pour 36% des acheteurs, de leur premier dépistage. Et qu'hommes et femmes ont des habitudes différentes. "Majoritairement, les hommes achètent deux tests et les femmes un seul, explique Fabien Larue, directeur d'AAZ. Acheter deux tests permet dans 60% des cas de le proposer à son ou sa partenaire, et dans 40 % de refaire un autre test dans le cas d'une prise de risque ultérieure."

Préféré au centre de dépistage. De fait, de nombreux clients contrôlent régulièrement leur sérologie via l'autotest. Plus d'un quart d'entre eux (28%) déclarent qu'ils ne seraient pas allés dans un centre de dépistage si le kit n'avait pas été disponible en pharmacie. Preuve que les deux méthodes sont complémentaires.