Le ministère de l'Intérieur publie le bilan chiffré définitif de l'état d'urgence

Le ministère de l'Intérieur a dressé vendredi le bilan définitif des mesures décidées dans le cadre de l'état d'urgence instauré au soir des attentats du 13 novembre 2015 et remplacé le 1er novembre par une loi antiterroriste.
Le ministère de l'Intérieur a dressé vendredi le bilan définitif des mesures décidées dans le cadre de l'état d'urgence instauré au soir des attentats du 13 novembre 2015 et remplacé le 1er novembre par une loi antiterroriste. © IAN LANGSDON / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Au cours des 23 mois d'état d'urgence ininterrompu, treize tentatives d'attentat ont été menées et 32 attentats ont au total été déjoués, selon les chiffres du ministère.

Quelque 4.469 perquisitions administratives, 754 assignations à résidence, 19 lieux de culte fermés : le ministère de l'Intérieur a dressé vendredi le bilan définitif des mesures décidées dans le cadre de l'état d'urgence instauré au soir des attentats du 13 novembre 2015 et remplacé le 1er novembre par une loi antiterroriste.

32 attentats déjoués. Au cours des 23 mois d'état d'urgence ininterrompu, un record pour ce régime d'exception créé en 1955 durant la guerre d'Algérie, cinq attentats ont été perpétrés faisant 92 morts (Magnanville, Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray, Champs-Elysées, Marseille). Treize tentatives d'attentat ont été menées et 32 attentats ont au total été déjoués, selon le communiqué de l'Intérieur. L'état d'urgence a été prolongé six fois par le parlement.

625 armes saisies. Selon l'Intérieur, 4.469 perquisitions administratives ont été menées (dont 3.594 au cours des deux premières phases jusqu'au 25 mai 2016), et 70 lors de la dernière phase depuis le 16 juillet dernier. 625 armes ont été saisies dont 78 armes de guerre. Le ministère dénombre 754 assignations à résidence décidées dans le cadre de l'état d'urgence (dont 350 pour la seule première phase). Au 31 octobre, 41 assignations étaient en vigueur (dont 16 personnes assignées depuis plus de douze mois, parmi lesquelles huit assignées depuis le début de l'état d'urgence). 19 lieux de culte ont par ailleurs été fermés, dont onze l'étaient encore à la date du 1er novembre. 75 zones de protection et de sécurité ont aussi été décidées, selon des critères d'affluence ou stratégiques.

25.000 fichés "S". Selon le ministère, 12.000 personnes sont inscrites au Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et 25.000 sont fichées "S" (Sûreté de l'Etat) dont 9.700 pour radicalisation, essentiellement liées à la mouvance terroriste islamiste.

Le renseignement renforcé. L'Intérieur a mis en avant le renforcement des effectifs des services de renseignement : 4.400 d'ici la fin 2017 à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) (contre 3.300 en 2014) et 2.630 au Service central du renseignement territorial (SCRT) (soit plus 650 en trois ans) et le recrutement de 1.900 personnes prévu d'ici la fin du quinquennat. 

Une nouvelle loi controversée. L'état d'urgence a été remplacé par une nouvelle loi antiterroriste qui renforce les pouvoirs de l'exécutif pour assigner une personne (non plus à résidence, mais dans un périmètre au minimum égal à la commune) et réaliser des perquisitions à domicile. L'exécutif peut aussi fermer un lieu de culte ou effectuer des contrôles d'identité près des frontières et des gares ou aéroports. Le tout sans feu vert judiciaire, perquisitions exceptées. Cette loi est critiquée par les défenseurs des droits de l'Homme qui la juge "liberticide".