Le mal-logement handicape l'emploi

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Alexis Toulon , modifié à
La Fondation Abbé Pierre souligne que les courbes du chômage et de l’exclusion au logement se suivent.

Soixante ans après l’appel de l’Abbé Pierre, sa Fondation alerte inlassablement sur l’état du logement en France. Le 19e rapport, publié vendredi, met en avant la corrélation entre le chômage et le mal-logement, deux courbes qui ne cessent d’augmenter, malgré la volonté d’inverser la tendance.

Le mal-logement en chiffres. En France, 3,5 millions de personnes sont soit privées de domicile, soit dans des conditions d’hébergement difficiles, ou plus généralement en situation de précarité. Dans le détail, plus de 141.500 personnes dorment dans la rue et 1,252 million n’arrivent pas à payer leur loyer. Si les conditions d’hébergement se dégradent, cela s’explique par la crise économique qui renforce la précarité.

Mal Logement

© 19e rapport Abbé Pierre

3,5 millions de chômeurs et de mal-logés. La comparaison entre le chômage et le mal-logement est assez simple, dans la tendance et dans les chiffres. Les chômeurs de catégorie A sont près de 3,5 millions, comme les mal-logés comptabilisés par la Fondation Abbé Pierre. Et l’évolution du marché de l’emploi et de l’immobilier suit une logique similaire : raréfaction de l’offre, développement de la précarité et montée du chômage et de l’exclusion.

Le phénomène des travailleurs pauvres. Le rapport 2014 montre qu’avec la crise, plus de 5 millions de personnes sont en situation de fragilité. Encore une fois, ce chiffre est similaire au nombre de chômeurs en prenant en compte toutes les catégories, c'est-à-dire ceux qui ont travaillés quelques heures dans le mois dans le mois. Les Français sont nombreux à travailler en intérim, à temps partiel, en CDD… et à ne pas réussir à joindre les deux bouts. A cela s’ajoute des prix de l’immobilier en augmentation et le renforcement des exigences des bailleurs, inquiets des impayés.

Etre logé pour travailler, travailler pour se loger. Une des grandes problématiques mises en avant par la Fondation Abbé-Pierre est que le logement est un frein à la mobilité et à la recherche d’emploi. Une personne ayant un lieu de vie va hésiter à le quitter et se prive en conséquence du travail potentiel dans d’autres régions. Et pour ceux qui arrivent à l’entretien, la question du logement est souvent rédhibitoire.

"Sans adresse, vous n'existez pas", a témoigné Jean-Claude, un ancien SDF en réinsertion, au micro d’Europe 1 matin.

"Si vous n'avez pas d'adresse, vous n'existez pas"par Europe1fr

Selon le rapport, ce sont plus de deux millions d’offres d’emploi, au cours des cinq dernières années, qui n’ont pas trouvées preneur du fait de cette situation. Un véritable problème pour 58% des entreprises qui considèrent la question comme importante, pendant que d’autres estiment que cela entrave leur "bonne marche".

Décloisonner les deux univers. La Fondation Abbé-Pierre milite pour une approche commune des questions économiques et sociales du logement et de l’emploi. Cela passe, selon le rapport, par la convergence des dispositifs et des acteurs qui interviennent dans le champ du logement d’une part, dans celui de l’emploi et du développement économique d’autre part. "Les faire converger est aujourd’hui un enjeu majeur. S’il faut opérer ce décloisonnement, c’est tout d’abord pour renforcer le rôle de protection que joue le logement pour les individus quand ils sont confrontés aux mutations de l’emploi. Mais c’est aussi pour mobiliser les entreprises afin de réparer les effets de la déstabilisation du travail dans laquelle elles ont une responsabilité collective", assure la Fondation Abbé-Pierre.

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